Le testament de Lapérouse
Le testament de Lapérouse
Un roman s’écrit dans les trous de l’histoire. Il y en a suffisamment autour de la disparition de Monsieur de Lapérouse pour justifier celui-ci. Ceci dit, un amiral n’est pas forcément un « voileux ». François Bellec l’est, amiral et voileux. J’en ai connu un de ce type, avec qui je patrouillais le long des côtes d’Annam dans l’attente d’un débarquement. Ce passionné, chaque fois que nous étions mouillés dans une rade abritée, faisait mettre son youyou à la mer, hissait la misaine et tirait des bords autour de son navire.
Voici donc, à la suite du naufrage, sur les récifs de Vanikoro, de la mission envoyée par Louis XVI, trois rescapés sur l’île, dont Monsieur de Lapérouse. Ils y resteront, s’efforçant de sauvegarder ce qu’ils peuvent de la civilisation dont ils viennent, et d’abord par la conversation. Élégamment écrits, les dialogues sont restitués dans la langue du siècle. L’amiral Bellec connaît parfaitement son sujet : il a dirigé plusieurs missions sur les épaves de La Boussole et de L’Astrolabe.
Du naufrage on ne saurait faire grief à personne : Vanikoro faisait alors partie des « Îles ignorées ». La Boussole s’y perdit, L’Astrolabe aussi, venue à son secours. D’où ne réchappèrent que trois hommes, Rollin chirurgien du bord, Monsieur de Lapérouse et Caraurant, domestique de « monsieur le comte ». Rollin mort en 1805, les deux survivants vieilliront ensemble. En 1826, Lapérouse disparaît. Il avait pris soin de rédiger son « testament » et de le confier à Caraurant, accompagné d’un médaillon contenant une mèche de ses cheveux, à l’intention de sa femme. Madame de Lapérouse repose au Père Lachaise. ♦