Gespräche mit Halder
C’est un livre fort intéressant car il révèle la physionomie peu connue d’un des principaux représentants du grand État-Major allemand avant et pendant la [Seconde] guerre [mondiale]. Halder avait, en effet, succédé à Beck au mois d’août 1938, comme Chef d’état-major général et il fut congédié par Hitler à la fin de septembre 1942. Après le renvoi de Brauchitsch au milieu de décembre 1941, il fut directement sous les ordres du Führer ; dès le début, il ne s’entendit pas avec lui. Il avait gardé le contact avec Beck et fut, après l’attentat de juillet 1944, arrêté, traîné à travers une série de camps de concentration et de prisons.
Comme écrivain, Halder était déjà connu par sa petite brochure intitulée : Hitler stratège, où il critiquait sans ménagement les mesures et les méthodes stratégiques de l’ancien chef suprême. Le livre actuel complète et développe l’œuvre précédente. Mais il ne s’agit pas ici d’un récit purement objectif de la dernière guerre ; ce sont des impressions personnelles et des leçons qui se dégagent surtout de la lecture de cette œuvre. Elle revêt souvent les allures d’un plaidoyer et on y rencontre de singulières lacunes ; c’est ainsi qu’il n’est pas dit un mot de Manstein, à qui revient pourtant le mérite d’avoir élaboré l’essentiel du plan des opérations contre la France. De toute façon, il est du plus haut intérêt de pénétrer dans la pensée d’une personnalité de cette envergure intellectuelle.