Les voyages de découverte et les premiers établissements (XVe-XVIe siècles)
On parlait autrefois des colonies sans les bien connaître. Elles ne semblaient intéressantes qu’aux colons et aux brasseurs d’affaires. À peine savait-on par quels efforts, par quels exploits de hardis explorateurs les avaient acquises à la France. Maintenant que l’organisation des colonies, politiquement, socialement, économiquement, est à l’ordre du jour, on veut tout savoir des colonies ; et c’est alors que l’on s’aperçoit que l’on ne sait à peu près rien.
Les Presses universitaires de France ont entrepris de nous instruire. Elles ont groupé d’importantes publications très variées sous le titre Colonies et Empires. La troisième série comprend l’Histoire de l’expansion de la colonisation française, dont le présent ouvrage sur Les voyages de découverte, forme le premier volume. C’est donc des premiers établissements français aux colonies qu’il s’agit dans ce livre. La France s’était laissée devancer dans ce domaine par d’autres peuples. Elle ne prit pas une part officielle aux découvertes maritimes du XVe siècle et du début du XVIe. « Ce ne furent ni les moyens, ni les raisons d’agir qui lui manquèrent mais bien, chez ses rois, la volonté d’expansion qui animait les souverains de Lisbonne et de Valladolid ». Les premières tentatives sont, par suite, des entreprises particulières. Ce sont des marins basques, bretons et normands qui se lancent sur les terres neuves pour en tirer profit.
Il s’est formé des légendes autour de leurs découvertes. Charles-André Julien démêle ce qu’elles contiennent de vérité. Il ne s’aventure lui-même qu’avec beaucoup de précautions dans ses jugements et ses affirmations. Cela prouve dans quel esprit scientifique son ouvrage est conçu et construit. Il dit quelle part la royauté, la haute bourgeoisie, le commerce prennent peu à peu à ces entreprises au-delà des mers. Il unit à l’histoire coloniale l’histoire politique et religieuse. Il interprète les vieux récits de voyages, les relations sur les mœurs des indigènes, les contes et devis, les considérations d’un Rabelais et d’un Montaigne. Et toutes ces recherches sur des domaines très variés s’organisent et se présentent harmonieusement en un bel ouvrage clair, solide et vivant.