La Nation armée de la République française
Ce livre constitue une synthèse actuelle du problème de la défense nationale. Ainsi que le qualifie son auteur, c’est un essai né d’années d’observations, de longues et douloureuses heures de méditation au camp des déportés politiques de Dora. Le général Dejussieu-Pontcarral, officier d’active, breveté d’État-major, a joué un rôle capital dans la résistance, d’abord comme chef d’État-major de l’Armée secrète, puis comme chef d’État-major national des FFL. Arrêté et déporté en mai 1944, il a survécu, malgré son internement, dans le camp le plus pénible des déportés, celui de Dora.
Tirant les enseignements de cette guerre, le général Dejussieu-Pontcarral estime en particulier que la conséquence la plus importante de la guerre totale est la loi du nombre tant sur le plan humain que matériel. C’est pourquoi il juge que, seule, l’exploitation complète de la Nation armée permettrait de réaliser la mobilisation des divisions et de la main-d’œuvre nécessaires pour mettre sur pied le nombre maximum possible de grandes unités, avec la plus forte production industrielle et agricole permises par les ressources humaines et matérielles de la France et des territoires de l’Union française. Si ces principes avaient été appliqués en 1939, la France aurait pu disposer de plus de 110 divisions et la main-d’œuvre destinée à la production industrielle aurait donné à l’Armée plus d’armes et de munitions que pendant la « drôle de guerre ». Pour réaliser cette Nation armée, écrit le général Pontcarral, il est indispensable que l’instruction militaire des citoyens soit articulée entre la préparation militaire obligatoire, le service à court terme, l’organisation et l’instruction des réserves. La préparation morale implique qu’un même dynamisme, qu’un même idéal anime cadres et troupes. La préparation technique devrait comprendre :
a) une instruction individuelle ;
b) une instruction d’équipe, qui serait la préparation au combat.
L’instruction des réserves reste, d’après l’auteur, la condition formelle de l’application de la loi du nombre. En temps de paix et pour répondre à une attaque, qui, avec les formations parachutées, peut ne pas excéder quelques heures et se produire sur n’importe quel point de territoire, la notion de couverture est périmée. Maintenant, la défense et l’attaque ne doivent plus être envisagées en fonction d’une ligne ou d’une surface, mais d’un volume initial dont la mise en garde doit être instantanée, puisque le facteur temps est devenu l’élément capital de la décision et de la manœuvre. En conséquence, les forces armées devraient comprendre suivant les idées du général Pontcarral :
a) Des forces territoriales sur tout le territoire de l’Union française destinées à s’opposer aux parachutistes, aux forces ennemies qui auraient réussi à pénétrer profondément à l’intérieur du territoire ;
b) Des grandes unités alimentées par la conscription et prêtes à intervenir immédiatement ;
c) Des grandes unités constituées dès la mobilisation.
Le commandement serait décentralisé afin que chaque zone de territoire soit susceptible, pendant un certain temps de se défendre par ses propres moyens.
Dans l’organisation des grandes unités, il est prévu que chaque unité serait, dès le temps de paix, constituée sur le pied de guerre avec ses effectifs de guerre complets et son matériel de mobilisation. À chaque grande unité seraient accolées des unités d’instruction. Les unités d’instruction par roulement tous les trois mois deviendraient les unités organiques de la grande unité.
Les Services de l’armée devraient être réorganisés et simplifiés.
Il est indispensable qu’un échange continuel existe entre les éléments, militaires et civils. Les officiers avanceraient à l’ancienneté jusqu’au grade de capitaine. Jusqu’au grade de commandant exclu, l’officier aurait un statut lui permettant une durée de service maximum de dix ans comme officier. Il serait alors reclassé dans la Nation s’il n’était pas promu chef de bataillon. Les officiers d’État-major seraient formés par une école spéciale d’E-M, la formation tactique et stratégique serait continue, contrôlée et sanctionnée par des épreuves. Le seul brevet d’État-major ne serait, pas suffisant pour assurer de bout en bout une carrière. Le but recherché serait d’avoir à la base la pyramide la plus large possible afin de ne pas se priver a priori d’éléments susceptibles d’accéder aux hauts commandements.
L’organisation de la recherche scientifique serait développée et son application pratique aux problèmes militaires formerait un élément capital de la Défense nationale.
La lecture de ce livre est indispensable à tous ceux qui s’intéressent à la Défense nationale.