Reclassements. T I : Hélices en croix
Sous ce titre, le chevalier Willy Coppens de Houthulst, grand as belge de la guerre 1914-1918, vient de traiter de façon extrêmement intéressante la question de la défense aérienne des petits pays et plus particulièrement du sien : la Belgique. Mais les remarques et théories, dont ses deux tomes fourmillent, dépassent le cadre étroit de ce pays et ont une portée assez générale, pour intéresser tous ceux qui étudient des problèmes de stratégie aérienne.
L’auteur note que, les vingt années qui séparent les deux guerres ont été caractérisées, par un essor prodigieux de l’aviation qui dépassa de très loin le développement de toutes les autres armes, y compris les blindés, et ouvrit de vastes perspectives d’emploi, aussi bien de l’offensive que de la défensive. Pourquoi fallut-il qu’elle n’apparût clairement qu’aux dirigeants de l’Allemagne et de l’Italie ? qu’elle fût ignorée par la plupart des autres pays, dotés pourtant d’excellents équipages, mais souffrant d’une infériorité rédhibitoire entière en matériel ? Seule, la Suisse possédait une aviation de chasse suffisante pour faire hésiter la Luftwaffe à s’engouffrer par son couloir d’invasion aérienne. Quant à la Belgique, sa neutralité, surabondamment proclamée, ne constituait pas, on l’a vu, une protection suffisante : une bonne armée aérienne l’eût mieux assurée.
Willy Coppens fait remarquer que l’aviation est, par excellence, l’arme des petites nations tout autant que des grandes, qu’elle est la moins coûteuse pour le plus haut rendement. Tout peuple courageux peut être aérien ; il suffit que l’État le veuille et y prépare sa jeunesse.