Editorial
Éditorial
En 1941, le calculateur Z3, première machine programmable, était mis en service à Berlin pour conduire des analyses statistiques sur l’aérodynamisme. Aux États-Unis, ENIAC, démarré en 1946 et considéré comme le premier ordinateur, avait une masse d’environ 30 tonnes et pouvait calculer des trajectoires de tir en trois secondes. Le cyberespace était né.
Aujourd’hui, il n’y a pas un domaine de la vie de l’Homme sans une dimension cyber. Pour son bien, à travers de multiples usages, et hélas pour son malheur avec une imagination sans limite, avec des acteurs connus ou clandestins dont l’objectif n’est rien moins qu’a-moral. Certes, la littérature sur la cyberdéfense est désormais abondante et il n’est pas un jour sans de nouvelles publications sur ce thème. Pourtant, il était nécessaire que la RDN revienne sur ce sujet, notamment pour faire un point de situation sur la forte impulsion donnée à la cyberdéfense dans le cadre de la LPM 2014-2019.
La France s’est engagée avec une volonté forte et des moyens dédiés à renforcer ses capacités dans le domaine, y compris sur le plan offensif. En effet, il ne faut pas se leurrer, le cyberespace est devenu un champ de bataille au quotidien dans lequel la menace est permanente et venant de tous les horizons. L’ubiquité et la complexité des cyberattaques sont intrinsèques. De plus, l’accélération technologique et le développement permanent de logiciels et de systèmes de plus en plus performants rendent souvent le bouclier fragile par rapport à la cyber-épée. Les défis à relever exigeront donc un effort permanent s’appuyant sur une capacité à innover, bousculant les vieux principes hiérarchiques et de fonctionnement vertical de nos armées. Défi technique, conceptuel mais aussi humain, indispensable pour préparer la défense de demain. Le débat n’est pas prêt de s’arrêter tant le cyber est devenu prégnant de notre vie et donc des modes de relation conflictuelle auxquels nous sommes confrontés.
Le cyber ne doit cependant pas se substituer au réel et les articles proposés ce mois-ci poursuivent cette réflexion permanente sur notre environnement stratégique, notamment avec la dimension maritime de la COP21 souvent négligée. Après la conférence des ministres de la Défense organisée à Paris le 14 octobre, il s’agit de continuer à examiner tous les enjeux autour du réchauffement climatique dont les conséquences stratégiques se feront sentir demain.
À cet effet, il convient de ne pas oublier les leçons de l’histoire. Un échec politique, bien qu’imperceptible aux yeux d’opinions publiques désormais conditionnées par le zapping médiatique, peut avoir des conséquences plusieurs décennies après. La faillite du projet de la CED – arrivé sûrement trop tôt et trop novateur – se paye encore aujourd’hui… ♦