Billet – La guerre assise
Voilà dix ans que nous ne sommes pas fichus de conclure la guerre contre des branquignols enturbannés roulant dans des pick-up dégingandés, armés d’AK-47 de fabrication serbo-pachtoune rafistolées au chatterton. Cela ne nous dissuade pas de multiplier les ouvrages et les colloques, à l’image de celui de septembre 2015 sur la « CyberDefense, le combat des guerres de demain » ; comme si celle du Levant comptait pour du beurre et n’était qu’une invention de journalistes en quête de marronnier. Et ce n’est pas du fait d’un titre réducteur puisqu’on a pu y dire que « la Réserve opérationnelle est censée pouvoir puiser dans un pool d’experts en prévention d’une crise future, et évaluer les potentiels de demain ».
Nous préparons donc la guerre d’après pour ne pas faire celle d’aujourd’hui ; en attendant tu peux sourire, charmante Elvire, les loups sont encore à Palmyre. On reparle, à raison, de Charles Péguy et son concept d’exactitude, mais on oublie Lyautey et son barbarisme d’« immédiatité » ; car ce soir sur la route de Damas, on a prévu quelque chose ou on se décharge du sale boulot sur les Russes ?
C’est vrai qu’ils sont ringards ces Russes avec leurs Sukhoi qui ne tiennent que par la peinture et leurs T-90 qui perdent de l’huile. Ont-ils colloqué sur la stéganalyse et la rétroconception, nos armes de destruction massive depuis que sont morts de rire les gens de Daesh qui nous lisent, même si l’anglo-américain est plus adapté aux mots débiles et que la Rand a quelques longueurs d’avance ? Vont-ils disposer d’un cybercommandement en 2018, lorsque Daesh aura fini de trier les graviers de Palmyre, vendu ceux de Balbech et de Byblos, commencé le démontage de l’Acropole et planifié celui de Vaux-le-Vicomte ? Ont-ils pensé à brouiller les GPS à défaut de pouvoir mettre la main sur les cartes routières dans les boîtes à gant, juste à temps pour se battre dans les fossés de Vincennes même si Daesh respecte les limitations de vitesse une fois franchi le Bosphore ?
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