Editorial
Éditorial
Les attentats qui ont endeuillé Paris le vendredi 13 novembre nous rappellent dramatiquement que le chaos actuel qui touche l’arc de crise défini par les deux derniers Livres blancs, de l’Atlantique au golfe Persique, ne nous épargne pas. La violence aveugle a frappé de manière indistincte au nom d’une religiosité idéologisée, voulant provoquer ce « choc de civilisations » que certains extrémistes désirent ardemment. Cette montée inexorable de la haine meurtrière n’est donc pas un accident de l’histoire, ou un incident à oublier au plus vite. C’est bien un phénomène de fond, durable et que nous avons à affronter en sachant que la lutte sera longue et difficile et que celle-ci est entamée depuis des années.
Dès lors, face à l’incertitude, la recherche stratégique devient indispensable, notamment en amont pour mieux comprendre, analyser et traiter cet environnement instable et multipolaire. Plus que jamais, l’investissement – actuellement insuffisant – dans la recherche stratégique s’impose afin de disposer de cette capacité d’anticipation, de réflexion et d’influence, absolument nécessaire pour nos actions diplomatiques et militaires. D’où la nécessité du dossier de ce mois de décembre montrant les besoins, les atouts réels mais aussi les faiblesses structurelles de notre recherche, ainsi que des propositions concrètes pour améliorer le dispositif et la productivité. La Revue Défense Nationale, par sa politique éditoriale, est ainsi un des acteurs contribuant à décrypter et à susciter ce débat stratégique essentiel pour répondre aux défis et menaces d’aujourd’hui et de demain.
Ce travail, conduit par la RDN depuis soixante-seize ans, s’efforce également de répondre aux nouvelles interrogations stratégiques comme la maritimisation et le cyberespace traité dans le numéro de novembre, mais dont l’actualité ne cesse de s’enrichir d’autant plus que l’ennemi mortel d’aujourd’hui, l’État islamique, utilise abondamment toutes les ressources d’Internet pour conduire ses guerres asymétriques et diffuser sa propagande morbide. À travers les autres articles de ce numéro, il ressort plus que jamais que notre sécurité se joue à la fois sur le territoire national, mais aussi à l’extérieur, y compris aux périphéries lointaines, souvent oubliées dans nos certitudes parisiennes. En ces temps difficiles, regarder au-delà de la « ligne bleue des Vosges » pour anticiper, est une exigence.
Une exigence pour la RDN, une exigence pour la communauté de défense, une exigence citoyenne. ♦