La DGRIS (Direction générale des relations internationales et de la stratégie) s’est engagée dans un processus innovant pour conforter la recherche stratégique française et lui donner de nouvelles capacités en fédérant les efforts et en créant une meilleure synergie entre des acteurs souvent performants mais trop dispersés pour affronter la concurrence internationale.
Pour une recherche stratégique pérenne et innovante
For a sustainable and innovative strategic research
The DGRIS (Direction générale des relations internationales et de la stratégie) is committed to an innovative process in order to strengthen the French strategic research and to give it new capacities while uniting the efforts and creating a better synergy between the actors, who are often powerful but dispersed, to confront the international competence.
Rappelant la nécessité « d’adosser la démarche prospective de l’État sur une réflexion stratégique indépendante, pluridisciplinaire, originale, intégrant la recherche universitaire comme celle des instituts spécialisés », le dernier Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale a souligné l’importance du débat stratégique afin d’éclairer les mutations géopolitiques. Le besoin du ministère de la Défense est double : conduire un processus de préparation de l’avenir (risques et menaces potentiels, capacités et technologies nécessaires aux forces armées, modes de conflictualité futurs) de qualité et dans la durée, mais également analyser et comprendre les enjeux stratégiques en cours pour agir. L’enjeu porte également sur la nécessité de renforcer la capacité d’influence de la défense.
Une recherche stratégique française durablement fragilisée et concurrencée
Or, le champ de la recherche nationale en matière de sécurité et de défense apparaît plus que jamais éclaté et sous-critique. Cette situation est liée en particulier à la modestie des moyens financiers dont disposent ces centres, modestie qui les empêche notamment de dégager des ressources pour être présents sur des thématiques émergentes ou très spécialisées. En conséquence, la France dispose de centres généralistes, souvent en concurrence les uns avec les autres, dont l’absence de spécialisation pèse sur la reconnaissance internationale. On constate ainsi que la recherche française en sciences humaines et sociales (SHS) est quasi inexistante – ou en voie de disparition – sur des sujets de fond intéressant la défense (économie de défense, certaines aires régionales, etc.). À titre d’illustration, la conférence internationale organisée par le ministère de la Défense le 14 octobre 2015 en amont de la prochaine COP21 – réunissant 34 délégations étrangères – a souligné la nécessité d’élaborer une cartographie des nouveaux risques stratégiques incluant l’influence du facteur climatique. Cela suppose une expertise nationale encore marginale sur le sujet.
La fragilité du modèle économique des centres de recherche s’est accentuée du fait du désengagement progressif de l’État. Hors quelques cas particuliers, les dispositifs ministériels de subvention ont été démantelés au cours des six dernières années. Par ailleurs, les ministères ont été amenés à réduire fortement leur budget de recherche dans le domaine SHS. Cela pèse sur la visibilité financière des centres de recherche, qui hésitent à s’engager sur des thématiques nouvelles et à recruter de jeunes talents.
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