L’Institut de stratégie comparée a été créé par Hervé Coutau-Bégarie en vue de catalyser une réflexion stratégique indépendante, mais croisant les expertises militaires et académiques. Les travaux de stratégie théorique ainsi conduits sont essentiels pour comprendre l’hybridité floue des conflits actuels et futurs.
L’ISC : l’esprit de la stratégie
The ISC: the spirit of the strategy
The Institute of Compared Strategy (ISC – Institut de stratégie comparée) was created by Hervé Coutau-Bégarie aiming to catalyze an independent strategic reflection, but across the military and academic expertises. The work of theoretic strategy done in this way is essential to understand the vague hybridity of current and future conflicts.
Dans le paysage français des études stratégiques, l’Institut de stratégie comparée (ISC) occupe une place à part. Il est né de la dissolution, en 1993, de la Fondation pour les études de défense. Cette mesure a considérablement affaibli la vitalité de la recherche stratégique institutionnelle, qui ne s’en est sans doute jamais complètement remise. Mais avec l’aide de quelques anciens collaborateurs de l’ex-FEDN, comme le général Poirier, Hervé Coutau-Bégarie a créé sous une forme associative un institut qui s’est efforcé de poursuivre et de développer l’action entamée avant 1993. Il l’a en outre marquée au coin de sa personnalité hors-norme.
De la trop courte vie d’Hervé Coutau-Bégarie (1956-2012), presque entièrement vouée à la recherche stratégique, un premier bilan retiendrait bien sûr le savantissime Traité de stratégie (7 éditions parues entre 1999 et 2011, 5 traductions parues, 2 en cours) et les très nombreux ouvrages et articles accompagnant ce navire-amiral. Un bilan plus étendu inclurait les milliers d’officiers qu’Hervé Coutau-Bégarie a formés au Collège interarmées de Défense/École de Guerre, mais aussi dans une quinzaine d’académies militaires d’Europe, d’Afrique et des deux Amérique. Ce serait cependant oublier l’ISC : or, le principal intéressé l’aurait sans nul doute placé au cœur de son œuvre. En effet, l’ISC en constituait et en constitue toujours le réacteur – car cette œuvre n’est nullement achevée, mais se poursuit et se renouvelle en permanence.
Qu’est en effet le « système bégarien » ? Une mise en synergie, un montage en série de la recherche, de la publication et de l’enseignement, trois pôles gravitant autour de l’ISC. L’ISC est d’abord un institut de recherche, dont le Conseil scientifique réunit de grands noms des études stratégiques françaises et internationales. Point capital aux yeux du fondateur, cette structure est indépendante : « Une recherche qui n’a qu’un pôle étatique est infirme », écrivait-il ; « la recherche a besoin d’un pôle associatif, plus réactif, mieux capable de fédérer les multiples initiatives de petits groupes ou même d’individus qui s’efforcent, avec de très faibles moyens, de faire vivre la tradition de la pensée stratégique et historique française ».
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