Il est urgent de donner à la recherche stratégique française un minimum de moyens pour lui permettre de pouvoir travailler et développer une réflexion utile à l’influence du pays sur la scène internationale. Cet effort devient indispensable aujourd’hui.
La recherche stratégique en France : l’imagination et ses limites
The strategic research in France: imagination and its limits
It is urgent to devote minimum resources to the French strategic research, to make it work and develop a useful reflection to countries’ influences on the international stage. Such effort is becoming indispensable today.
La recherche stratégique a longtemps été le parent pauvre de l’analyse prospective en général. Longtemps méprisée par les sciences sociales et ses représentations (CNRS, Université, grandes écoles) mais aussi par ceux qui auraient dû l’accueillir (les administrations dont celle de la défense). Elle n’a souvent survécu que grâce à l’obstination d’une poignée de « résistants ».
Pourtant, progressivement à l’orée des années 1980, la recherche sur les questions de sécurité, de défense et de stratégie a fait son trou mais elle navigue toujours entre système D et pénurie.
Entre trois guerres : un foisonnement
Sans qu’elle ait été appelée comme telle, la recherche sur les questions de défense s’est caractérisée par un grand foisonnement dès la fin du XIXe siècle. Après la sidération de la défaite cinglante contre la Prusse de 1870 et la constitution de l’empire allemand, des grands politiques comme Jaurès (La France et son armée), Maurras de l’autre côté du spectre et bien d’autres cherchent les voies de la reconstruction d’un État effondré et amputé. Les militaires ne sont pas en reste. La parole est libre en ce temps. On traduit Clausewitz (1). À l’imitation d’Ardant du Picq, tué en 1870, Foch et d’autres réfléchissent (pas forcément de façon pertinente) sur l’homme combattant et ses stratégies. L’entre-deux-guerres mondiales voit ce mouvement perpétué. C’est un moment où un officier peut se fâcher avec le plus prestigieux des maréchaux français sur un livre, le publier et continuer sa carrière (l’affaire Pétain-de Gaulle, autour du livre Le fil de l’épée est emblématique de ce moment de liberté). Cette période-là voit apparaître les idées transgressives de l’amiral Castex sur les sous-marins et le lien guerre terrestre-guerre navale (qui crée l’ancêtre de l’IHEDN) ainsi que la création sous le Front populaire du Centre de politique étrangère (CPE) qui abrite une revue et favorise le débat sur les thèmes en question.
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