L’État islamique essaye de pénétrer en Asie centrale, s’appuyant sur les défaillances de certains États et une pauvreté endémique. Cependant, les populations restent peu sensibles à la rhétorique de cette organisation terroriste qui toutefois demeurera menaçante et susceptible d’actions violentes mais ponctuelles.
L’État islamique dans le grand jeu en Asie centrale : point de situation
ISIS in the great game in Central Asia: situation update
ISIS is trying to penetrate Central Asia, building on the failures of certain states and an endemic poverty. However, the people remains insensitive to the rhetoric of such terrorist organization who remains threatening and susceptible to violent but punctual actions.
En 2014, au Nord comme au Sud de l’Amou Daria, villes et villages bruissaient de rumeurs inquiétantes sur la présence de combattants de l’État islamique (EI). Le tristement célèbre drapeau noir avait été observé dans les provinces afghanes de Faryab et Kunduz ainsi qu’à Tachkent en Ouzbékistan (1). Au début de l’année 2015, le gouverneur de Kunduz, Mohamed Safi, affirmait à Radio Azattyk (Liberté) que des combattants de l’EI séjournaient dans sa province. Quelques jours plus tard, le 16 mars, le représentant du secrétaire général de l’ONU à Kaboul, Nicholas Haysom, confirmait ces bruits : l’EI avait établi une tête de pont en Afghanistan et pourrait, à court terme, fédérer sous sa bannière diverses entités rebelles (2).
Tout sauf une surprise puisque cette organisation, par la voix de son chef Bakr al Baghdadi, a maintes fois répété que son objectif final était l’instauration d’un califat sur le monde musulman. L’une de ses provinces sera le Khorasan qui inclut le Pakistan, l’Iran oriental, l’Afghanistan, les cinq républiques centrasiatiques et le Xinjiang chinois.
Point de situation
Selon Aziz Arianfar, chercheur afghan au Peace Research Institute à Francfort, le succès d’une telle entreprise implique « la déstabilisation préalable et la prise de contrôle de la république afghane, par l’infiltration intensive de combattants ». Il faut pour cela damer le pion aux taliban, en brisant par exemple leur monopole sur le trafic de drogue (3). C’est pourquoi l’EI mène une politique de recrutement agressive, à base de propagande mais aussi d’espèces sonnantes et trébuchantes.
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