L’Océanie, bien qu’aux périphéries géopolitiques, est confrontée à des enjeux de sécurité très liés à l’environnement et au réchauffement climatique, dont les conséquences pourraient être déstabilisatrices, préfigurant d’autres catastrophes.
Les enjeux de sécurité en Océanie
The concerns of security in Oceania
The Oceania, although geopolitically at the peripheries, is confronting the security concerns which are very liable to the environment and the global warming, whose consequences could be destabilizing and foreshadowing other catastrophes.
Après la Seconde Guerre mondiale, les États insulaires du Pacifique ont perdu leur poids géopolitique. Au sein du plus grand océan, les États d’Océanie, de Micronésie, Polynésie ou Mélanésie, sont caractérisés par leur petitesse, une certaine marginalisation économique et une forme de périphérisation géopolitique. Aujourd’hui, le Pacifique Sud ne connaît pas de conflit interétatique. Pour autant, l’Océanie rencontre d’importants enjeux de sécurité bien loin des images de cartes postales communément véhiculées par la région. Cette étude se propose d’exposer les ressorts des défis sécuritaires régionaux en analysant successivement, les fragilités d’État qui constituent la principale menace à l’égard de la stabilité régionale, puis les risques existentiels liés au changement climatique. Elle s’attachera à dégager la réponse régionale qui a été mise en place pour faire face à chacun de ces défis. La gravité des enjeux de sécurité dans le Pacifique et les réponses qui y sont apportées sont importantes car à bien des égards, elles préfigurent l’avenir auquel risque d’être confrontée une grande partie de l’humanité.
Des menaces liées à la fragilité des États…
Si l’Océanie ne connaît pas de conflit interétatique, les tensions internes y constituent le principal problème de sécurité. Depuis les années 1970, la région a connu différents types de conflits mettant en évidence la fragilité des États (1). Le secrétariat du Forum des îles du Pacifique (FIP) (2) a identifié les principales causes de tensions et de conflits dans la région : tensions ethniques, disparités socio-économiques, absence de bonne gouvernance, érosion des valeurs culturelles (3). À celles-ci, s’ajoutent des menaces dites « transversales » (4) qui dans le Pacifique sont d’autant plus nuisibles que les États ne disposent pas d’importantes ressources pour y faire face. La possibilité de voir un failed state déstabiliser la région a longtemps été au cœur des préoccupations des États du Pacifique (5).
Dès les années 1990, des initiatives régionales ont été prises dans le cadre du FIP. Au-delà de leur dimension politique, les Déclarations d’Honiara (6), d’Aitutaki (7) ne sont pas suivies d’effets au point de questionner le potentiel du FIP en matière de gestion de crise (8). Se libérant de ses tiraillements, le FIP pose les bases d’une réponse collective avec la Déclaration de Biketawa (2000) (9). Cette déclaration définit un cadre régional pour la gestion de crise et des lignes de conduites. Ces mécanismes de coopération régionale sont complétés par la Déclaration de Nasonini (2002) (10) sur la menace terroriste.
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