Maritime strategy–From the delimitation to the maritime frontier?
Stratégie maritime - De la délimitation à la frontière maritime ?
Nous vivons un curieux paradoxe : les continents, longtemps enserrés dans de multiples frontières, semblent s’en libérer sous l’effet du libre-échange quand la mer, archétype de la liberté, s’est couverte de délimitations qui paraissent dériver de plus en plus vers la frontière. La distinction est d’importance : si une frontière est un mur, la délimitation est un passage. Le navire peut transiter par la ZEE ou la mer territoriale de l’État côtier sans entrave.
Ce principe de liberté de circulation est si intrinsèquement lié à la mer qu’il s’est formalisé dès le XVIIe siècle avec le Mare Liberum de Grotius. Cette liberté n’a cependant jamais été pleine et entière. Dès cette époque, il est admis que les États peuvent exercer leur contrôle sur les baies ou zones côtières à portée de vue ou de canon. Le concept de « mer territoriale » prend naissance un siècle plus tard avec une limite fixée à trois nautiques, soit la portée maximale des canons de l’époque. Cette notion d’un espace maritime soumis à la souveraineté d’un État s’entend alors de manière essentiellement militaire et diplomatique mais va prendre, avec les différentes avancées technologiques, une tournure de plus en plus économique.
La pêche industrielle, les découvertes d’hydrocarbures en mer sont en effet à l’origine d’une volonté d’appropriation d’espaces maritimes de plus en plus vastes. Le président Truman proclame ainsi le 28 septembre 1945 que les ressources naturelles du plateau continental des États-Unis seront désormais soumises à leur juridiction et contrôle. Chili et Pérou suivent deux ans plus tard en s’intéressant cette fois à la colonne d’eau : ils créent des zones sous juridiction de 200 nautiques au large de leurs côtes.
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