Military history–A strategic surprise: the Yom Kippur War
Histoire militaire - Une surprise stratégique : la guerre du Kippour
Voulue planifiée et conduite par Sadate, la guerre du Kippour, déclenchée le 6 octobre 1973, jour du Grand Pardon des Israélites (Yom Kippour) et en plein Ramadan, trouve son origine dans le sentiment de revanche provoqué par l’humiliante défaite des États arabes, subie lors de la guerre des Six Jours, en 1967. Sur le plan international, la situation paraissait bloquée, quel que soit leur instigateur, toutes les tentatives de paix ayant régulièrement échoué face à l’intransigeance des parties en présence.
Lorsqu’il succède à Nasser en septembre 1970, le président Sadate mesure la nécessité de faire évoluer la situation, fort désavantageuse à l’égard de l’Égypte car d’une part, elle menaçait sa survie politique et d’autre part, elle conduisait lentement mais sûrement le pays à la ruine. Sadate se convainc rapidement qu’une nouvelle guerre avec Israël pourrait, seule, redistribuer les cartes sur l’échiquier du Moyen-Orient et il met rapidement le président syrien, Hafez al Assad dans son jeu. Cette décision des Présidents égyptien et syrien a été prise à l’aune de la réduction en leur faveur du rapport de force face à l’armée israélienne. Il est flagrant qu’à la veille du conflit, pour les armées arabes, rééquipées en matériel moderne par l’Union soviétique et réalignées sur leurs tableaux d’effectifs, s’étant méthodiquement entraînées à la conduite d’un conflit moderne dans un contexte offensif et faisant preuve d’un excellent moral dû à l’entretien systématique d’un esprit de revanche, l’occurrence de vaincre Tsahal lors d’un conflit armé se présentait sous de bien meilleurs auspices qu’en 1967. A contrario, les généraux israéliens faisaient preuve vis-à-vis de leurs adversaires arabes d’un écrasant complexe de supériorité qui leur faisait un peu perdre le sens des réalités. Comme toute armée vainqueur, l’armée israélienne subit à cette époque un effet pernicieux de dégradation et de délitement de ses qualités qui se répercutait sur l’ensemble de son système se manifestant notamment par le recours à une stratégie de stricte défensive.
S’agissant du milieu où vont se dérouler les opérations, il est question des deux glacis conquis par Israël en 1967 pour compenser son manque de profondeur stratégique, le désert du Sinaï au Sud et le plateau du Golan, face à la Syrie, au Nord. Le premier, englobant la zone orientale du Canal inclut la ligne de défense Bar Lev et se présente sous la forme d’un rectangle de 200 kilomètres sur 100, légèrement accidenté, et donc très ouvert. Le second, beaucoup plus accidenté, est dominé au Nord par le mont Hermon. Dans un cas comme dans l’autre, compte tenu de la nature de la zone désertique, la progression des blindés est liée aux axes, ce qui rend leur contrôle essentiel pour le déroulement de la manœuvre. Ces axes sont aussi indispensables aux Israéliens pour effectuer les mouvements de balancement de leurs forces d’un théâtre à l’autre. Tout cela fait que les carrefours constituent des objectifs majeurs pour un camp et des points clés essentiels à défendre pour l’autre.
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