Situation de la France
Situation de la France
Ce qu’écrit Pierre Manent doit être considéré avec attention. Cette affirmation peut paraître indécente. Elle est plus pertinente que jamais. En effet, si l’islam ne figure pas dans son titre, ce n’est que de lui qu’il nous parle, comme si la « situation de la France » d’aujourd’hui se résumait en son actuel rapport à l’islam. Rapport nouveau à deux titres. D’une part, si notre société reste « de marque chrétienne », qui donc aujourd’hui ose nous parler du Dieu des chrétiens ?
Pas notre État bien sûr, qui se fait gloire de sa laïcité et prétend fonder sa légitimité sur le culte du « rien ». Pas notre peuple non plus, « moralement disqualifié » et fier de l’être. Mai 68 – encore ! – a achevé de détruire ce qui nous était commun.
Dans ce vide, l’islam a pris ses aises. On reprochera à Pierre Manent de s’y résigner : « Trop tard ! », dit-il. Partant de cet amer constat, il espère que les musulmans de France trouveront leur place dans notre République. Après tant de siècles de lutte contre l’islam, nous n’ignorons pourtant rien de la christianophobie musulmane. S’y soumettre, c’est s’avouer vaincu. Il n’y a pas d’autre définition de la défaite.
Rappelons à nos lecteurs que, dans Le Figaro des 13 et 14 octobre 2015, Alain Finkielkraut et Pierre Manent ont débattu sur le thème « La France au défi de l’islam ». Le premier s’y est montré plus combatif que le second. ♦