La guerre hybride est « tendance » aujourd’hui et oblige à revoir les classiques de la stratégie avec un terrorisme islamiste en pleine expansion s’appuyant sur un terreau fertile, y compris en France. Cela nous oblige à repenser nos modes d’action, avec cependant de vrais atouts pour nos armées.
Guerre hybride et stratégies de contournement
Hybrid Warfare and Alternative Strategies
Hybrid warfare is a “trend” of today and necessitates the review of classical strategy, with Islamic terrorism clearly expanding, supported by a fertile breeding-ground of which France is a component. This obliges us to rethink our modes of action, with real assets for our Armed Forces.
La « guerre hybride » est une notion qui, appliquée comme on le fait à l’Otan ou dans certains cercles de l’Otan, aussi bien à la stratégie indirecte russe qu’à la guerre totale de l’État islamique, présente une surextension et un caractère biscornu manifestes. C’est que sa promotion, au-delà des travaux intéressants de Frank G. Hoffman, doit être comprise comme un effort d’abord politique pour reconstruire un projet d’entreprise commun pour les nations de l’Otan au moment où sa cohésion (particulièrement la relation euro-américaine, ou la cohésion entre certaines nations européennes) connaissait des divisions inquiétantes du fait de la situation à l’Est de l’Europe.
L’étude de Frank G. Hoffman soulignait dans l’hybridité la simultanéité des procédés réguliers et irréguliers, concomitance qui serait une nouveauté par rapport à l’approche séquentielle de la théorie classique de Mao. Notre ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian semble donner un crédit officiel à la notion en parlant de « guerre hybride mondialisée » pour l’État islamique.
Pourtant la Russie, comme la Chine en Extrême-Orient, cherchent à obtenir des résultats stratégiques par tous les moyens sauf la guerre ouverte, tandis que l’État islamique, et de manière générale les adversaires irréguliers révolutionnaires, poursuivent la guerre par tous les moyens. C’est pourquoi, à propos de ces deux types de puissances – puissances révisionnistes d’un côté qui souhaitent la souveraineté sur leur espace régional, puissances révolutionnaires de l’autre, bien différentes sur la scène stratégique actuelle – je proposerais plus volontiers de distinguer conceptuellement leurs modes de conflits respectifs. D’une part, on pourrait parler de guerre couverte – elle fut historiquement pratiquée par Richelieu contre l’Empire hispano-autrichien des Habsbourg entre 1630 et 1635, par un soutien indirect à leurs adversaires, Suède et Provinces-Unies. On peut la rapprocher de la « stratégie élargie » de Hitler ou de la stratégie indirecte du général Beaufre. D’autre part, il faudrait parler de guerre révolutionnaire dans le cas de Daesh, synthèse de la grande guerre et de la petite guerre théorisée par Mao et Giap dont les stratèges islamistes s’inspirent et se réclament.
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