La guerre hybride n’est pas une nouveauté. Elle a toujours existé même si ses modalités ne cessent d’évoluer, notamment en intégrant le champ des perceptions grâce au cyber, outil désormais indispensable des guerres régulières et irrégulières auxquelles nous devons faire face.
Guerre hybride : concept stratégique ou confusion sémantique ?
Hybrid Warfare: Strategic Concept or Semantic Confusion?
Hybrid warfare is not a novelty. It has always existed even though its modalities unceasingly evolve, notably by integrating the field of perceptions, thanks to cyber development, a tool indispensable for regular and irregular warfare which we must confront.
C’est un paradoxe qui ne surprendra pas quiconque s’est un tant soit peu intéressé au débat stratégique depuis vingt-cinq ans, que la thématique des « nouvelles formes de conflictualités » n’a, en soi, rien de bien nouveau. Cela ne signifie, certes pas, que la question ne soit pas digne d’intérêt : au contraire, elle révèle en creux la persistance d’un problème non résolu, celui d’une certaine inadaptation des outils de défense occidentaux à des formes de guerre qui ont pu être décrites tantôt comme « irrégulières », « asymétriques », de « basse intensité », de « quatrième génération », etc. Tous ces termes ne sont pas équivalents mais ils ont en commun le fait de désigner une dissension par rapport à un modèle « standard », « régulier », dont nos armées sont issues et pour lequel elles ont été calibrées.
Il y a exactement deux ans, la double surprise stratégique qu’ont constituée d’une part, le déclenchement d’une guerre européenne dans l’Est de l’Ukraine et d’autre part, le développement accéléré de l’organisation État islamique, d’abord au Moyen-Orient, puis directement sur notre territoire national, ont offert à la communauté de défense française l’occasion de mettre en avant un autre de ces concepts qui fait débat depuis quelques années parmi les spécialistes : celui de « guerre hybride ».
Employé pour la première fois officiellement en France dans le Livre blanc de 2013, le terme a été brandi très vite par le Secrétaire général de l’Otan en 2014, Anders Rasmussen, pour qualifier la stratégie russe en Ukraine (cf. M. Landler et M.R. Gordon). De son côté, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a employé en 2015 à plusieurs reprises le terme « d’ennemi hybride » et de « guerre hybride mondiale » pour désigner la lutte contre Daech.
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