Daech – « État islamique »
Daech – « État islamique »
Daech est l’acronyme d’un titre un peu lourd : Daoulat islamiya fil ‘Iraq ou ech Cham, État islamique d’Irak et de Syrie. Rares sont les auteurs qui ont osé présenter ce nouveau-né. Il faut savoir gré à Gérard Fellous de le faire, en trois entrées, description du proto-État, coalition réunie contre lui, racines culturelles du « monstre ».
La première partie est la plus importante, et pas rassurante du tout. C’est par ses méthodes que Daech se dévoile : terreur exemplaire, moyen efficace d’une cyberguerre qui, pourtant, se dissimule derrière la « théorie du complot ». Bilan fin 2014, 5 000 assassinats dans quatorze pays. La France est la plus menacée, et ça marche : les « Français » jihadistes (1 400 début 2015) comptent un quart de convertis recrutés sur la Toile et qui, surprise, ne sont pas les minables qu’on pourrait attendre. En Syrie et en Irak, où Daech est aux affaires, l’épuration bat son plein. Chrétiens, chiites, alevis, Kurdes, Turkmènes sont leurs victimes, sans oublier les Yezidis – on trouvera, à la page 99, une intéressante description de ces adorateurs du Malek Tawous, l’Ange Paon que leurs détracteurs identifient à Iblis, le Diable en personne. L’auteur s’interroge : Daech, « État ou coquille vide ? ». Réponse, les prétentions califales d’Abou Bakr al-Baghdadi sont sans avenir, mais il dispose aujourd’hui d’un pactole. Les donateurs ne lui manquent pas, le pétrole non plus, le pillage complète. Devant ce tableau inquiétant, la communauté internationale ne manque pas de réagir : quarante États se sont coalisés, à l’appel des États-Unis, en septembre 2014. Mais les pays musulmans traînent les pieds : Daech les effraie.
La dernière partie vise au cœur, en une excellente analyse de « l’islamisme ». Face à ce danger, qu’on répugne à nommer, l’ONU et ses avions pourraient bien ne pas faire le poids. ♦