Editorial
Éditorial
Le terrorisme islamiste a encore frappé avec sa barbarie aveugle ce 22 mars à Bruxelles. Au-delà de l’émotion légitime et des interrogations sur la réponse immédiate à apporter face à cet ennemi, il faut admettre que la guerre menée par Daech est une réalité, n’en déplaise à ceux qui pensaient que cette idée même de guerre appartenait désormais au passé et devait être ignorée, voire oubliée par une Europe revendiquant à peine un « soft power ». Or, la réalité est autre et impose de revenir aux fondamentaux des relations internationales, où le rapport de forces a toujours été une constante et oblige à disposer des moyens – en particulier militaires – pour pouvoir répondre notamment aux ambitions retrouvées de certaines puissances comme la Russie ou la Chine, ou au cauchemar que constitue le Califat revendiqué par le proto-État djihadiste entre la Syrie et l’Irak, et qui cherche à déstabiliser durablement l’Europe.
À cet égard, l’océan constitue un enjeu majeur dans la mesure où la mondialisation des échanges – dans toutes leurs dimensions – et une grande partie des ressources nécessaires à l’humanité sont concernées par cette dimension maritime. Le dossier de ce mois aborde ainsi ce besoin de réflexion stratégique sur la planète bleue, d’autant plus que la France est une puissance navale de premier plan, mais qui l’ignore bien trop souvent. Or, de même que la lutte contre le terrorisme demandera du temps, laisser faire et baisser la garde pour garantir notre souveraineté, y compris à l’autre bout de la planète, exige un effort permanent, se construisant dans la durée et avec des moyens adéquats.
D’autant plus que les crises actuelles sont par nature hybrides et exigent des réponses globales élargissant les champs d’action diplomatique, militaire, économique et culturel, tout en considérant que le « soft power » n’est rien sans une vraie crédibilité des outils de défense.
Les leçons – chèrement payées – de ces derniers mois montrent en particulier pour notre pays, mais aussi pour nos partenaires européens, qu’il est urgent de revoir à la hausse les budgets consacrés à la défense et à la sécurité, sous peine d’accumuler les défaites.
Avoir des navires pour contrôler notre Zone économique exclusive (ZEE), disposer d’effectifs militaires en nombre suffisant pour agir, tant sur le territoire national que dans des théâtres d’opérations élargis, pouvoir frapper l’adversaire, toutes ces capacités ne sont pas un luxe mais une nécessité vitale.
L’incertitude stratégique que nous connaissons depuis déjà quelques années se traduit par une instabilité aux conséquences tragiques. Plus que jamais, l’urgence oblige à chacun de prendre ses responsabilités, en particulier le politique, pour donner au militaire les moyens d’agir. ♦