C’est le propre des marins d’évoluer dans un contexte mouvant et incertain. Cette caractéristique les conduit assez naturellement à observer l’environnement, à développer leur sens de l’anticipation et à tenter de déterminer en permanence ce qui se trouve au-delà de l’horizon. À l’image des océans, le contexte mondial auquel nous faisons face aujourd’hui est mouvant et fortement évolutif. Les centres de gravité se déplacent. L’incertitude s’accentue. Les surprises stratégiques ne doivent pas être exclues : nous en avons eu la démonstration au cours de ces derniers mois.

Couvrant 71 % de la surface du globe terrestre, les espaces maritimes ont acquis une place essentielle dans la vie de nos sociétés. C’est le corollaire de la mondialisation, phénomène dont les mers, espaces de liberté et d’échange, sont le support privilégié. Nous ne pouvons plus ignorer les enjeux qui s’y jouent au quotidien, ni les tendances lourdes pour demain. Ce qui se passe loin de nos côtes nous concerne directement : nous devons en être convaincus.

Dans la prise en compte des enjeux stratégiques qui se jouent en mer, céder au « court-termisme » et ne considérer que les menaces immédiates seraient une erreur potentiellement fatale. Nos sociétés y sont parfois tentées. Nous devons résister à cette tendance et inscrire notre action dans le temps long. Une marine se construit sur le temps long. Le cycle de vie d’un programme d’équipement majeur (porte-avions, sous-marin, frégate…), de la conception au démantèlement, se compte en dizaines d’années. L’horizon temporel d’une carrière de marin est à peine plus court. Les décisions que nous prenons aujourd’hui engagent la marine pour les années à venir.