La Chine et la Russie, puissances continentales par essence, se sont engagées dans des politiques maritimes ambitieuses, en développant de nouvelles capacités, obligeant les puissances maritimes traditionnelles comme les États-Unis à revoir leur propre stratégie.
Stratégie maritime : évolutions et nouveaux acteurs
Maritime strategy: development and new actors
China and Russia, continental powers by definition, are committed in ambitious maritime policies by developing new capacities. This obliges the traditional maritime powers like the United States to review its proper strategy.
Les deux changements géopolitiques majeurs que constituent la renaissance de la Russie et la croissance rapide d’une puissance chinoise nouvelle, dans le contexte d’un réchauffement climatique probable, provoquent de profondes évolutions dans le domaine de la stratégie maritime. Ils marquent l’importance primordiale de la maritimisation de l’économie. L’exploitation des ressources des mers, halieutiques, énergétiques, minières mais aussi génétiques, y occupe une place croissante. Depuis plusieurs années, les Livres blancs publiés par la plupart des États océaniques ont une approche mondiale (1), ce qui reflète leur volonté d’accompagner et de protéger ce développement maritime. Ce besoin de présence avancée les conduit à implanter des bases (2) outre-mer, à déployer des forces navales, à affermir les liens avec leurs alliés et à rechercher des partenaires.
Avec la fin de la guerre froide, la menace d’une conflagration à l’échelle mondiale semblait avoir disparu. Les stratégies navales se sont adaptées au gré des conflits régionaux ou des menaces non étatiques de faible intensité comme le terrorisme et la piraterie. En dehors de la posture permanente de dissuasion, elles s’orientent alors principalement vers la projection de puissance et de forces.
La multiplication des échanges par voie de mer a conduit à l’apparition de puissances maritimes (3) émergentes (4) ou ré-émergentes, la Chine, la Russie, le Brésil, l’Inde auxquelles peuvent être ajoutées la Turquie, l’Indonésie et la Malaisie. Les deux premières seulement sont en passe de réussir pleinement leur transition. Sur mer, l’ordre international régi par la Charte des Nations unies est respecté, y compris par les pays non-signataires de cette dernière dont les États-Unis. Cet ordre qui semblait immuable, a cependant été bousculé par les stratégies nouvelles mises en œuvre avec succès par la Chine en mer de Chine méridionale et par la Russie en mer Noire, bien que toutes deux aient ratifié les accords internationaux.
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