Contrairement à beaucoup d’idées reçues, c’est bien la domination des espaces maritimes qui assoit la suprématie d’un État ou d’un Empire. L’histoire fournit des exemples où l’abandon d’une politique maritime a abouti à la chute de ces puissances. Définir les atouts de l’océan est ainsi un des objectifs du programme Océanides.
Du Heartland à Océanides
From Heartland to Oceanid
Contrary to many accepted ideas, it is the domination of maritime spaces who establishes the supremacy of a state or an empire. History provides some examples that abandoning a maritime policy had ended up with the fall of the powers. Defining the assets of oceans is thus one of the objectives of the Oceanid program.
Une conviction portée par de plus en plus d’historiens est en passe de devenir une démonstration grâce aux travaux d’Océanides : les « terriens » que nous sommes n’avons pas suffisamment pris la mesure de la pesée des océans dans l’histoire globale et donc dans la géopolitique.
Nous nous sommes en effet toujours focalisés sur l’histoire terrienne pour y déceler des éléments pivots. C’est ainsi que dans la fameuse conférence du 25 janvier 1904, qui l’établit comme le fondateur de la pensée géopolitique du XXe siècle, Sir Halford Mackinder définit sa notion du Heartland, cet espace pivot « citadelle de la puissance terrestre ». « Qui contrôle le cœur du monde », écrit-il, « commande à l’île du monde ; qui contrôle l’île du monde commande au monde ». Nous sommes bien loin de la citation de Sir Walter Raleigh, du fin fond de la Tour de Londres où il est alors reclus en 1595, résumant magnifiquement l’idéal britannique : « Qui contrôle la mer commande le commerce ; qui contrôle le commerce commande le monde ». L’histoire prise dans son épaisseur donne raison à Raleigh contre Mackinder. En avons-nous bien conscience, alors que la géopolitique reste toujours éminemment terrienne, malgré les travaux d’Alfred Mahan à l’extrême fin du XIXe siècle ainsi que les aménagements apportés à la pensée de Mackinder par John Spykman au tournant de la Seconde Guerre mondiale avec sa notion de « Rimland », conférant une importance particulière aux « terres du bord » ?
En abordant pour la première fois l’histoire humaine sous le prisme du maritime, les travaux du programme international de recherche Océanides vont renouveler notre approche de l’histoire et de la géopolitique. Ce programme lancé en 2012 et dont les conclusions seront rendues en décembre 2016, regroupe 287 chercheurs issus de 40 pays.
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