La Chine s’est lancée dans une ambitieuse politique maritime, contrastant avec sa posture traditionnelle tournée vers la terre. Cette stratégie entraîne une crispation entre les différents États de la région, ainsi qu’avec les États-Unis inquiets de cette montée en puissance aux relents nationalistes.
Un nouveau « Grand jeu » en mer de Chine du Sud
A new “great game” in South China Sea
China has launched an ambitious maritime policy, contrary to its traditional posture turned towards land. Such strategy leads to tensions between different states in the region, along with the United States being concerned about this rise of power in nationalist stenches.
Carrefour maritime où s’affirme la puissance de la marine chinoise, zone maritime par où transitent 70 % du trafic mondial de conteneurs et 50 % des flux d’hydrocarbures et de gaz naturel liquéfié, la mer de Chine du Sud s’étend du détroit de Taïwan au nord à Singapour au sud, et de la péninsule indochinoise à l’ouest, à l’archipel des Philippines et à la Malaisie insulaire à l’est. Couvrant une superficie d’environ 3 500 000 km2, elle compte des centaines d’îlots et récifs minuscules, regroupés en archipels qui font l’objet de revendications de souveraineté concurrentes émanant des nations riveraines : Chine, Taïwan, Philippines Malaisie, Brunei, Indonésie et Vietnam. Pourtant, l’escalade dans la confrontation avec les États-Unis désormais tournés vers l’Asie, s’est produite, durant les deux dernières décennies, dans un contexte où les pays riverains d’Asie concernés par ces disputes ont, en matière commerciale, fait preuve d’un niveau de coopération élevé. Tentons de discerner la dynamique à l’œuvre alors que les prétentions territoriales fondées sur l’histoire interfèrent avec les principes et les usages du droit maritime international.
Les enjeux économiques
Alimenté par les échanges croissants entre la Chine et les pays de l’ASEAN (1), la région est devenue une voie de passage cruciale et plus de la moitié des vingt premiers ports mondiaux pour le traitement des conteneurs sont situés sur le pourtour de cette zone. En 2013, les échanges économiques entre la Chine et les pays riverains de la mer de Chine du Sud (280 Mds de $) représentaient la moitié du commerce entre la Chine et les États-Unis (562 Mds de $) et presque autant que celui de la Chine avec le Japon (312 Mds de $).
Par ailleurs, les plus grands ports mondiaux pour le trafic conteneurisé sont situés sur le pourtour de la mer de Chine du Sud et de la mer de Chine orientale. La très forte croissance des économies asiatiques a accentué leur dépendance à l’égard du transport maritime (approvisionnements en matières premières, énergie et composants, exportations). Le caractère stratégique des archipels disputés vient de ce que la mer de Chine reste le chemin le plus court entre le Pacifique Nord et l’océan Indien.
Il reste 86 % de l'article à lire
Plan de l'article