L’usage stricto sensu de la force militaire semble révolu dans la compétition internationale actuelle où d’autres champs de bataille comme les migrations imposées, les flux financiers, le commerce mondialisé apportent de nouveaux risques et constituent des atouts pour certaines puissances montantes.
Connectivity Wars : migrations, finance et commerce, champs de bataille du futur ?
Connectivity Wars: migrations, finance and commerce, fields of battle in the future?
The usage of military force sensu stricto seems to be gone in the current international competition whereas other fields of battle such as the the impelled migration, the financial flows, the globalized commerce that brings new risks and constitutes some assets for certain rising powers.
Lorsque la Turquie a abattu un avion militaire russe en novembre 2015, les images de la chute de l’appareil ont été reprises en boucle dans les médias russes et sur Internet, assortis d’appels à des représailles : un célèbre présentateur du principal talk show politique télévisé de Moscou a comparé la destruction en vol du chasseur russe à l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo en 1914 qui avait déclenché la Première Guerre mondiale. Face à la pression de son opinion pour en découdre, la réaction de Vladimir Poutine, dont on a pu constater lors de la crise ukrainienne qu’il ne répugnait pas à l’usage de la force militaire, est significative des nouvelles formes des compétitions géopolitiques et de la connectivité des domaines d’affrontement.
Le Président russe a ainsi préféré signer un décret mettant un terme aux importations de fruits et de légumes provenant de Turquie, interdisant les vols charter et la vente de voyages organisés et abandonnant le régime d’exemption de visa de la Russie avec ce pays. Ses proches l’ont mis en garde contre une éventuelle escalade touchant les importations d’énergie, tandis que les médias spéculaient sur des cyberattaques. Ce à quoi il a rétorqué que, dans un monde qui prétend à la globalisation, le principal champ de bataille des conflits futurs ne serait plus directement les tranchées, les océans ou les espaces aériens, mais plutôt l’infrastructure interconnectée de l’économie mondiale, vulnérable à la désorganisation du commerce international et des investissements, la mise en cause du droit international, de l’Internet, des flux de transports et les déplacements des individus. Bienvenue donc aux guerres de la connectivité…
S’il n’est pas interdit aux Russes de tenter d’établir des parallèles avec le siècle passé, force est de constater que la dynamique des conflits s’effectue aujourd’hui à rebours. Alors qu’en 1914 la mondialisation commençante connaissait un grand retour en arrière à la suite d’un conflit mondial destructeur, de nos jours, c’est paradoxalement la réticence des grandes puissances rivales à agir militairement, qui les pousse à choisir d’autres domaines d’affrontement, menaçant de mettre en cause le système économique mondial.
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