La Russie a souffert de ne pas avoir d’accès direct aux océans mais développe aujourd’hui des capacités navales de projection de puissance à partir de la mer Noire et de la mer Caspienne, transformant ainsi un handicap géographique grâce à de nouveaux armements en un avantage tactique.
La Russie développe un concept de « puissance navale continentale »
Russia Develops a Concept of “Continental Naval Power”
Russia has suffered from not having direct access to oceans, but currently develops naval capacities for power projections starting from the Black Sea and the Caspian Sea, thus transforming a geographic handicap thanks to new armaments and a tactical advantage.
Fin décembre 2015, le Rostov-sur-Don, sous-marin russe de classe Kilo franchit le détroit des Dardanelles en provenance de la Méditerranée. Il rejoint au sein de la Flotte de la mer Noire un sister-ship, le sous-marin Novorossyisk, arrivé quatre mois plus tôt en provenance des chantiers de la Baltique. Ils sont les précurseurs d’une série de six sous-marins Kilo de la classe 636.3 qui formeront au cours des deux prochaines années l’ossature de la 4e division sous-marine basée en mer Noire. Quelques semaines avant le franchissement des détroits turcs, le sous-marin Rostov-sur-Don manœuvre discrètement en plongée au large de la Syrie. Le 8 décembre 2015, il tire deux missiles SSN30A (1) Kalibr sur des cibles terroristes en Syrie. Avec cette démonstration opérationnelle, la Russie rejoint le club très fermé des nations ayant lancé au cours d’opérations extérieures des missiles de croisière à partir d’un sous-marin (2). Cette action fait également écho au lancement de 24 missiles du même type par les corvettes de la Flottille de la mer Caspienne le 17 octobre 2014.
Dopées par les nombreux communiqués Interfax, ces deux actions d’éclat font la une des journaux internationaux. Pourtant, ce ne sont pas 26 charges explosives de 400 kg qui peuvent changer le cours de la guerre en Syrie (3). Ce que la Russie annonce implicitement le 8 décembre 2015 aux observateurs avisés, c’est un Game Changer stratégique, un nouvel équilibre militaire dans sa périphérie. Désormais, les flottes navales russes ont la capacité de frapper avec des missiles de croisière un vaste espace couvrant l’Europe de l’Est, le Proche-Orient et l’Asie centrale.
Le spectre du Sommet de Bucarest
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