L’Asie centrale connaît des évolutions contradictoires avec, en particulier, la question sensible de la succession de certains dirigeants. S’y rajoute la relation complexe avec l’Islam, entre radicalisation venue de l’extérieur et nationalisme musulman propre à chacun des États de la zone. Mais des perspectives de développement économique pourraient ouvrir la voie à une nouvelle ère de prospérité.
Asie centrale, essai de prospective : « les jeux sont faits… ou presque ! » (2/2)
Central Asia, A Prospective Attempt: “The Games Have Been Played… or Almost!”(2/2)
Central Asia recognizes contradictory evolutions with, in particular, the sensitive question of the succession of certain leaders. This compounds on its complex relation with Islam, between radicalization from the exterior and Muslim nationalism belonging to each state in the zone. But perspectives on economic development could open the path for a new era of prosperity.
Dans le premier article, l’auteur a décrit la situation, ce printemps naissant, en Afghanistan, notamment dans sa région Nord. Début avril, même si Dostum et ses milices ouzbèkes continuent à « faire le ménage » sur les confins septentrionaux, cela n’empêche pas les rebelles d’origine centre-asiatique de se concentrer quelque part vers les deux extrémités de la frontière ouzbéko-afghane. Les Tadjiks reconnaissent eux-mêmes que des petits groupes de la nébuleuse djihadiste (MIO, Ansarullah, Salafistes et Hizb ut Tahrir) auraient déjà réussi à passer la frontière. La situation paraît toujours en mains à Douchanbé mais quelque chose semble se préparer, comme on le verra, sur la frontière tadjiko-kyrgyze en direction du Ferghana...
Évolution dans le reste de l’Asie centrale : Ouzbékistan, Kyrgyzstan, Kazakhstan et Xinjiang
Les perspectives étant encore assez floues dans ces autres nations centre-asiatiques, la présente analyse sera limitée aux principaux risques encourus par chaque pays du fait d’une subversion islamiste.
Toute l’Asie centrale serait sensible à un ébranlement islamiste au Tadjikistan. Seul l’Ouzbékistan pourrait au début y faire exception tant ce pays est tenu en mains, depuis quinze ans, en prévision d’un soulèvement de ce genre. Mais si le djihad devait coïncider avec la mort du président Karimov – âgé de soixante-dix-sept ans et atteint d’un cancer du sang – l’événement pourrait éveiller, dans ce pays de vieil islam sunnite et rigoriste – notamment dans le Ferghana – une « démence religieuse » de certains Ouzbeks, voire des remous dans les provinces de peuplement tadjik – à Samarkand et Boukhara en particulier – ou dans les régions allogènes : Khorezm et Karakalpakistan. Ruiné lui aussi par la corruption (1) et rebuté par une dictature qui tient bon depuis vingt-cinq ans, le peuple ouzbek pourrait sortir de sa soumission traditionnelle, en particulier dans le Ferghana, nœud stratégique de toute l’Asie centrale et, à ce titre, cible essentielle des rebelles.
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