S’il est un livre qu’il faut avoir lu en 2016, c’est incontestablement celui de l’historien militaire Claude Franc ! Honoré du prix du livre de la Saint-Cyrienne 2016, cet ouvrage, préfacé par le Grand Chancelier de la Légion d’honneur, le général d’armée Jean-Louis Georgelin, est rédigé par un officier supérieur à la plume élégante, expert reconnu des questions relatives au commandement, qui nous offre un regard inédit sur la bataille de Verdun.

Que l’on ne s’y m’éprenne pas, il ne s’agit pas d’une approche supplémentaire sur une bataille qui connaît déjà une littérature abondante ! Il s’agit au contraire d’un cheminement aussi savant que vivant de l’histoire de ce moment. L’originalité de cette étude réside sans conteste dans la place que l’historien réserve aux enjeux d’ordres stratégiques, tactiques et décisionnels autant du côté allemand que français. Dans la lignée de son précédent ouvrage Les Généraux français dans la Grande Guerre, publié chez ETAI en 2014, l’auteur s’attache à restituer avec un implacable corpus méthodologique la dimension stratégique et opérative de la guerre. Cette approche compréhensive s’inscrit dans un courant d’études résolument novateur, car directement en prise avec la dimension politique de la guerre.

Aucune bataille n’a autant marqué la mémoire des Français que celle de Verdun, mais bien que cette victoire ait donné lieu à une abondante littérature mémorielle, les problématiques pourtant majeures, puisque liées aux opérations, ont été négligées par les historiens et les stratèges français et allemands. C’est en réponse à ce vide que cet ouvrage scientifique a été rédigé. Il s’agit ici d’offrir une meilleure compréhension de la dimension stratégique et tactique de cette grande bataille afin de savoir finalement répondre à un certain nombre de questions fondamentales.

À quels objectifs correspondait la décision du chef d’état-major allemand Erich von Falkenhayn d’attaquer un secteur n’offrant aucun intérêt stratégique ou opératif apparent ? Pourquoi la région fortifiée de Verdun ne se trouvait-elle pas en état de recevoir le choc allemand ? Quels ont été les facteurs du succès français ? Quels sont les mérites de Castelnau initialement, puis de Pétain et de Nivelle ? Enfin, question déterminante et combien d’actualité : quel fut dans chacun des deux camps le poids du moral et de la propagande ? Au-delà de ces questions, ce livre met en perspective les liens existant entre les succès français de l’automne 1916 à Verdun et le douloureux échec du Chemin des Dames d’avril suivant.

On ne pourra qu’apprécier la sélection de la couverture choisie, du peintre, graveur et illustrateur français spécialiste de la Grande Guerre : François Flameng (1856-1923).

Un livre indispensable dans sa bibliothèque. ♦