Les archives exceptionnelles du Quai d’Orsay contiennent une part importante de l’histoire de France et de celle du monde. Le présent ouvrage, auquel ont collaboré une riche pléiade de prestigieux historiens, propose un bel aperçu de ce patrimoine avec une sélection d’archives, la plupart du temps ces fameux télégrammes diplomatiques, ces TD, comme on les nomme au Quai, qui couvrent cinq siècles d’histoires diplomatiques inédites.

C’est à la fin du XVII^e siècle que Charles Colbert de Croissy, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, sous Louis XIV, a jugé nécessaire de conserver avec les documents produits et reçus par son administration la mémoire des relations de la France avec l’étranger. Il s’agissait alors de garder les documents garantissant les droits du roi de France et ceux de la population à l’égard des autres puissances. Frontières du royaume, alliances militaires, échanges commerciaux, affaires religieuses, ces questions sont fixées par des traités dont il est essentiel d’avoir la bonne conservation.

La richesse des documents présentés dans cet ouvrage par des historiens et des conservateurs témoignent de leur valeur. On y trouvera de rares pépites : le cartulaire de Christophe Colomb, une lettre de La Fayette sur le champ de bataille de Yorktown, les plans de la bataille d’Austerlitz, l’acte du Congrès de Vienne signé par Talleyrand. Par choix délibéré du poids de l’histoire, les relations franco-allemandes sont richement mises en valeur : de la dépêche d’Ems, casus belli de la guerre franco-prussienne de 1870, aux notes diplomatiques qui retranscrivent les entretiens de Gaulle-Adenauer du 14 septembre 1958 à Colombey-les-Deux-Églises. Le Général commençait par ces mots : « Je voudrais que nous parlions d’homme à homme des charges qui nous incombent vis-à-vis de nos deux pays et à l’égard du monde. Comment pouvons-nous nous aider ? Que pensez-vous de la situation mondiale ? ». Chaque document reproduit en fac-similé, parfois d’une seule page, est précédé de commentaires importants qui le replacent dans son contexte et en expliquent l’importance. Ces documents s’arrêtent le 14 août 1961 après l’édification du mur de Berlin : « La situation semble calme actuellement dans les deux parties de Berlin ».

Cartes, gravures, manuscrits font pénétrer le lecteur dans ce qui est resté longtemps le secret du roi, une confidentialité bien gardée. Chacun y trouvera de quoi satisfaire ou alimenter sa curiosité. On y parle des conflits et des traités de paix, mais aussi du cérémonial des lettres de créance, de l’art du repas « à la française ». D’autres événements y sont également répertoriés : attentat de Sarajevo, révolution russe, Traité de Versailles, Hitler, Vichy, capitulation allemande, mais également la recherche des œuvres volées par Gœbbels ou la visite du général de Lattre de Tassigny à Washington qui explique les vingt-cinq ans de la guerre en Indochine. ♦