La crise syrienne est profonde, durable et barbare dans ses effets sur les populations. La déstabilisation induite dans la région affecte tous les équilibres politiques, économiques, ethniques et culturels, sans perspective réaliste d’un retour rapide à la paix.
La crise syrienne : un enjeu de sécurité régional
The Syria Crisis: a Stake of Regional Security
The impact of the Syria crisis is deep, long-lasting and barbaric on the people. The induced destabilization in the region has affected political, economic, ethnic and cultural balances with no realistic signs of a quick returning to peace.
Le paysage stratégique du Moyen-Orient est en pleine mutation. L’invasion américaine de l’Irak en 2003 et la guerre civile qui a suivi ont renversé un ordre établi dont on peut légitimement questionner la solidité initiale. En 2011, le soulèvement syrien, devenu guerre civile, a accru l’instabilité de la région de manière inouïe. La fragilité des États et de leurs frontières, la piètre gouvernance, la montée en puissance d’acteurs non étatiques particulièrement violents, les fractures au sein des sociétés arabes, la compétition régionale ainsi qu’une série de catalyseurs externes sont toutes responsables de ce bouleversement sans précédent.
Que celui-ci affecte les pays du Moyen-Orient plutôt que ceux du Golfe peut aisément s’expliquer. Dans cette dernière région, l’internationalisation de la sécurité, l’influence militaire américaine, le coût des guerres ainsi que la richesse et la solidité relatives des différents États ont jusqu’à présent empêché des changements brutaux de pouvoir. Par opposition, les États faibles du Levant servent de champs de bataille où se joue la compétition régionale. L’Irak, et plus encore la Syrie, réfléchissent ainsi en miniature les oppositions plus larges qui ont déterminé la transformation récente du Moyen-Orient.
Les guerres civiles irakienne et syrienne
Le premier coup porté au système étatique du Moyen-Orient contemporain fut l’invasion américaine de l’Irak en 2003. D’un grand projet de refondation sociale et politique, l’entreprise militaire américaine s’est rapidement transformée en une guerre civile ruineuse qui a fait disparaître tout espoir de voir naître un Irak uni, stable et démocratique. Au lieu de cela, l’État irakien, déjà affaibli par des décennies de dictature, de guerres et de sanctions, a continué de se déliter sous l’effet des oppositions entre les chiites au pouvoir, la minorité sunnite reléguée dans l’opposition et les Kurdes, essentiellement soucieux de gagner leur autonomie.
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