Le développement des robots de combat s’accélère avec des projets avancés tant aux États-Unis qu’en Russie. L’automatisation de ces plateformes conférera un avantage tactique à leurs utilisateurs, y compris aux terroristes. La France doit poursuivre les travaux dans ce domaine d’avenir pour éviter une mauvaise surprise.
Vers le combat robotisé…
Towards a Robotized Combat…
The development of combat robots is accelerated with projects advanced in the United States and in Russia. The automatization of such platforms gives a tactic advantage to their users, including the terrorists. France should continue the work in this future domain to avoid a unhappy surprise.
La robotisation du champ de bataille devient une réalité opérationnelle avec laquelle le stratège doit désormais compter et s’adapter. Depuis plus d’une décennie, les guerres modernes se sont développées en étendant leur composante « numérique » dans le cyberespace. Les progrès récents de l’intelligence artificielle profitent plus que jamais à l’industrie de l’armement qui s’oriente vers la supervision humaine délocalisée des engins militaires (la « dronification » des matériels) et vers une autonomie accrue des systèmes d’armes. Les exemples de robotisation du champ de bataille ne manquent pas et ne se restreignent plus aux seules grandes nations technologiques. En 2013, le robot sentinelle armé SGRA1 développé par Samsung Techwin a été installé avec succès le long de la frontière séparant les deux Corées. Les grands hubs technologiques israéliens soutiennent les startups qui s’engagent dans le développement de robots semi-autonomes à double usage civil et militaire. Du côté de la Russie et de la Chine, on s’oriente clairement vers le développement de groupes de combat robotisés. Ainsi, il y a quelques semaines seulement, l’unité de robots armés russes Platform-M aurait été déployée en Syrie aux côtés de l’armée régulière syrienne et aurait participé à la reprise de positions tenues par l’État Islamique (EI). Cet événement, s’il est confirmé, constituerait une première dans le domaine de la robotique militaire…
L’armée américaine dispose, quant à elle, de la plus importante flotte mondiale de drones aériens d’observation et de drones armés. Une partie de la doctrine de défense américaine s’appuie d’ailleurs sur l’emploi de cette flotte de drones armés dans la lutte contre le terrorisme. L’agence de défense américaine DARPA multiplie les partenariats de recherche et de développement dans le domaine de la robotique. Elle organise de nombreux concours et challenges de recherche à l’échelle mondiale afin d’être la première à détecter l’innovation à valeur stratégique. La course à l’intelligence artificielle s’applique ainsi naturellement et prioritairement à la sphère militaire.
Dernièrement, c’est la société Boston Dynamics, propriété de Google, qui a confié ses robots « mules » Big Dog et LS3 à une unité du corps des Marines pour un exercice militaire grandeur nature. La version testée de Big Dog a malheureusement été jugée trop bruyante sur le terrain par les militaires américains qui ont demandé aux ingénieurs de Boston Dynamics de « revoir leur copie » en rendant Big Dog plus silencieux. Soyons assurés que ce petit contretemps technologique n’est pas considéré par Google comme un échec, mais au contraire, comme une étape obligée avant la mise au point d’un matériel totalement opérationnel. Une innovation met toujours du temps à émerger : ses imperfections initiales font qu’on n’y prête pas attention jusqu’à ce qu’elle soit suffisamment mature pour dépasser les systèmes existants (cf. Ph. Silberzahn). La série des robots Big Dog de Boston Dynamics, issue d’un programme du département de la défense américaine financé à hauteur de 40 millions de dollars, constitue à l’heure actuelle ce qui se fait de mieux en matière de marche autonome, de franchissement en terrain difficile et de maintien de l’équilibre. On peut parier que le problème du niveau sonore trouvera rapidement sa solution avec la sortie d’une version électrique furtive et silencieuse de Big Dog validée cette fois par le corps des Marines.
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