De manière très générale, les problèmes de l'évolution des partis communistes ne sont pas simples. Ils le sont encore moins dans le Sud-Est Asiatique où se livre une bataille d'influences entre Soviétiques, Chinois, Vietnamiens et autres, pour contrôler les mouvements qui existent chez leurs voisins. C'est l'histoire que nous raconte l'auteur, qui est sur place en Thaïlande depuis de nombreuses années et qui connaît bien ce pays attachant.
L'éclatement du Parti communiste de Thaïlande
Le parti communiste de Thaïlande (PCT) est considéré comme étant le mouvement communiste le plus mal connu au monde. Il est pourtant fondamental d’en connaître les composantes et la force pour évaluer dans quelle mesure la Thaïlande doit être regardée comme un « domino » ou au contraire comme un État pouvant résister aux poussées subversives internes et demeurer stable. Les renseignements que l’on peut réunir sur ce parti démontrent sa relative faiblesse, d’autant plus qu’après avoir été longtemps l’objet d’une rivalité entre la Chine d’un côté, et l’URSS et le Vietnam de l’autre, depuis janvier 1979 il a éclaté en deux factions.
Des origines sino-vietnamiennes
Les origines du PCT sont obscures. Elles semblent remonter à la création en 1926, à Singapour, d’un Syndicat Général pour les Mers du Sud (SGMS), doté d’un bureau siamois en 1927. En 1928, le SGMS change son nom en Parti Communiste des Mers du Sud (PCMS) avec comme but principal de convertir les Chinois d’outre-mer au communisme. La même année, Ho Chi-Minh est envoyé en Thaïlande par le Komintern comme « délégué de l’Asie Orientale », pour y organiser des réseaux communistes. Il s’installe d’abord dans le centre de la Thaïlande parmi les membres de la minorité vietnamienne, puis il visite les villes du Nord-Est et se rend enfin à Bangkok. Il réussit ainsi à convertir certains de ses compatriotes au communisme. Fin 1930, un parti communiste malais (PCM) est créé, comprenant dans sa zone la Thaïlande à travers un Comité spécial pour le Siam. L’année suivante, se forme un parti communiste chinois du Siam indépendant du PCM qui, en 1932, abrège son nom en Parti Communiste du Siam (PCS) afin de se donner une apparence nationale. Ce PCS distribue des tracts soutenant la révolution de 1932 qui met fin à la monarchie absolue, mais il n’y prend cependant aucune part. En 1935, il participe au 7e Congrès du Komintern pour l’Extrême-Orient. Les mesures antichinoises prises en 1938 rendent ses activités très difficiles et, jusqu’à la deuxième guerre mondiale, le mouvement demeure toujours guidé par des Chinois et des Vietnamiens.
D’après les propres déclarations de ses leaders, la fondation officielle du parti communiste de la Thaïlande remonte au 1er décembre 1942, date de son premier Congrès. Le parti est déclaré ouvert à tous les Thaïs mais, une fois de plus, seuls des Chinois et des Vietnamiens répondent à cet appel. À partir de janvier 1947, ce PCT, rendu légal sous la pression de l’URSS qui avait posé cette condition à l’entrée de la Thaïlande à l’ONU, se manifeste au grand jour par des meetings politiques, la parution de l’Hebdomadaire des Masses et la propagation d’œuvres communistes. Mais, après le coup d’État militaire de novembre de cette même année, il retourne à la clandestinité. Prasert Sapsunthorn, son premier secrétaire général connu, s’enfuit en Chine. L’URSS, qui n’avait demandé que par principe sa légalisation, se désintéresse de ce problème, préférant essayer de nouer des liens diplomatiques plus étroits avec l’État thaïlandais.
Il reste 84 % de l'article à lire
Plan de l'article