La « pacification » coloniale était présentée à son époque comme le processus permettant de résoudre les conflits locaux. À partir de 1880, elle est devenue un concept politique normatif qui a permis de justifier, sous couvert de protection des populations, la conduite de plusieurs guerres.
Résolution des conflits au début du XXe siècle : « pacification » ou émergence d’une pensée tactique ethno-centrée
Conflict resolution in the early 20th century: “pacification” or the emergence of ethnocentric tactical thinking
Colonial “pacification” was presented in its time as a process for resolving local conflict. From 1880 on, it became a normative political concept that justified war under cover of protecting the population.
La « pacification » coloniale a été présentée en son temps comme un processus efficace de résolution des conflits. Depuis, les historiens ont montré que ce terme était polysémique et, de ce fait, équivoque, raison pour laquelle il est souvent utilisé avec des guillemets. Dès les origines, son ambiguïté sémantique est structurelle, le terme de « pacification » dissimulant celui de guerre. Mais à partir de 1880, le vocable se charge d’une connotation nouvelle. Destiné à transcender la colonisation, il prend en effet une dimension républicaine qu’il n’avait pas précédemment. La « pacification » devient alors un concept politique normatif permettant de justifier la guerre sous couvert de protection des populations.
Nonobstant, il faut étudier la notion pour ce qu’elle a été, à savoir un mode de gestion des crises qui a eu la particularité d’être rapide et surtout relativement efficace au regard des moyens employés. En effet, en moins de vingt ans, entre 1880 et 1900, pratiquement partout en Afrique, les forces militaires cèdent la place aux forces civiles ou aboutissent à des systèmes intermédiaires mêlant forces militaires et forces de police.
Cette organisation particulière est la résultante de la rivalité de deux tactiques coloniales concurrentes qui font finalement émerger une école de pensée très originale, à la fois tactique et politique, fondée sur l’adaptation au terrain et aux populations.
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