L’insécurité maritime prend différentes formes dans le golfe de Guinée, entre la piraterie, les actes de brigandage, la pêche illégale et les atteintes à l’environnement, posant autant de défis que de réponses diverses. Les pays de la région ont pris conscience de ces enjeux et s’efforcent d’accroître leur coopération pour mieux y faire face.
Défis africains de la lutte contre l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée
African challenges in the counter-piracy effort in the Gulf of Guinea
Maritime insecurity takes various forms in the Gulf of Guinea – from piracy to banditry, illegal fishing and damage to the environment, there are as many challenges as there are responses. The countries in the region have acknowledged these challenges and are striving to increase cooperation efforts in order to better tackle them.
À partir de 2008, la recrudescence d’un phénomène endémique – la piraterie – a rappelé au monde des réalités maritimes oubliées : 90 % des échanges commerciaux mondiaux s’effectuent par voie de mer. Notre dépendance à l’égard des océans va croissant : transport des approvisionnements stratégiques, câblages sous-marins, ressources halieutiques, minérales et sous-marines, etc. Cette « maritimisation » du monde s’accompagne d’une montée de l’insécurité maritime, n’épargnant aucun territoire. Les actes d’insécurité maritime les plus visibles notamment, piraterie et vols à main armés, viennent remettre en cause la liberté de la navigation et la sécurité du commerce international.
Le golfe de Guinée renvoie à l’espace maritime s’étendant du Sénégal à l’Angola et associant 19 États côtiers réunis au sein de 3 organisations régionales (1) : la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la Commission du golfe de Guinée (CGG) et la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC). Contrairement au large de la Somalie ou aux détroits d’Asie du Sud-Est, le golfe de Guinée n’est pas considéré comme une route stratégique majeure du commerce maritime, les principaux flux passant au large des côtes ouest-africaines. Pourtant, ce sont près de 4 000 navires de commerce par jour qui transitent dans ces eaux, auxquels il faut ajouter les barques de pêcheurs, transporteurs de passagers ou caboteurs. Le golfe de Guinée est ainsi un espace maritime très occupé, où l’intensité de la présence des navires commerciaux au plus près des côtes est l’une des caractéristiques premières des flux maritimes. Il est aussi l’une des zones les plus florissantes en espèces halieutiques : la majorité des flottes mondiales vient pêcher dans ces eaux, quand les deux tiers de la population du globe se nourrissent de poissons. Le golfe de Guinée est en outre une zone d’approvisionnement en hydrocarbures et minerais précieux, mais aussi en bois ou en cacao. Ainsi, ce sont chaque année près de 50 millions de tonnes de pétrole qui quittent les côtes africaines vers l’Europe, 90 vers les États-Unis et 40 vers la Chine. Si le golfe de Guinée ne fait pas partie des routes majeures, il se distingue néanmoins par l’importance des flux en approvisionnement stratégique qui le traversent.
Principalement en raison de ces flux et de la proximité des navires aux côtes, l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée est souvent réduite aux seuls actes de piraterie. Elle est pourtant un phénomène bien plus complexe. Elle renvoie aux atteintes à la sécurité de la navigation, des biens et des personnes, tout autant qu’aux menaces visant le commerce maritime ou les intérêts maritimes d’un État. Elle a des conséquences économiques et sociales régionales mais aussi mondiales. Lutter contre l’insécurité maritime revient à œuvrer pour la sécurité d’un espace à la fois terrestre et marin, mais aussi à en assurer le développement et la prospérité économique. Cela nécessite dès lors une approche globale, intégrant les dimensions politiques, économiques, juridiques et sécuritaires, à l’instar de celles retenues par le Sommet de Yaoundé (2) en 2013, la stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans (3) – Horizon 2050 adoptée en 2014 ou encore le futur Sommet de Lomé (4) prévu en octobre 2016.
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