À quelques mois de la fin de l’Administration Obama, il est possible de tirer un premier bilan de la politique étrangère américaine dont les résultats restent paradoxaux en considérant que le monde, de 2008 à 2016, a perdu en stabilité et en sécurité, contrairement aux attentes de 2008.
La politique étrangère d’Obama : réinitialiser le leadership américain par le Smart Power
Obama’s International Policy: Reinitiating American Leadership through “Smart Power”
A few months from the end of the Obama Administration, it is possible to draw a preliminary assessment of American international policy whose results remain paradoxical considering that the world, from 2008 to 2016, lost stability and security, contrary to the expectations of 2008.
L’élection de Barack Obama en novembre 2008 comme président des États-Unis (EU) engendra immédiatement l’espérance d’une nouvelle ère, sentiment exacerbé par le bilan mitigé de son prédécesseur républicain George W. Bush : scandales corrélés à la « guerre contre la terreur » ainsi qu’un bilan intérieur mitigé (crises des subprimes, recul des droits de l’homme, endettement). On affirme même que la nation de la destinée manifeste décline à mesure que se renforcent les États dits émergents, vus comme capables de remettre en cause le leadership de l’hyperpuissance.
Obama entendit rompre avec ce continuum dépressif. Il promet de redorer le plumage de l’aigle aux éclairs, dont le bec s’est émoussé en Afghanistan et en Irak, de privilégier la diplomatie au tapis de bombes et à l’unilatéralisme, de moraliser la politique intérieure et internationale, d’aider les peuples opprimés, de stopper la prolifération nucléaire, et enfin de conférer aux Américains paix, sécurité, prospérité et protection sociale. Le Président se réclama de l’épigone d’Eisenhower et de Nixon (critique des lobbies et de l’establishment, politique du dialogue), de Roosevelt (idéalisme), de Truman (Containment), de Kennedy (nouvelle société) et de Bush père (appui sur les sociétés civiles étrangères). En revanche, Obama affirma rejeter la violence physique et verbale de Reagan et de Bush. Le tribun est empathique, sa démarche altière, son sourire avenant et son physique agréable autant qu’imposant. Avec son auréole de Prix Nobel de la paix, attribuée préventivement ou préemptivement c’est selon, dès la première année de son mandat, le Président disposa du pouvoir légitime-charismatique, un honneur dont il voudra être digne, ce qui influencera, positivement ou négativement sa politique.
Toutefois, dès la fin de son premier mandat, les espoirs s’érodèrent. Sans en être responsable de problèmes générés en grande partie pendant la présidence Bush, Obama n’aurait rien tenté pour en infléchir la tendance. B. Badie déplore son hégémonie passive : « Il laisserait aux puissances moyennes, aux émergents et surtout aux pays porteurs de diplomatie contestataire ou déviante l’essentiel des initiatives en matière internationale. Le leadership américain est reconduit mais davantage réactif que proactif, plus dépendant que jamais des initiatives prises par plus petit que soi dans un monde comme “apolaire”. […] L’hégémonie passive ne consiste pas à renoncer à l’expression d’un leadership mais simplement à retenir ou à contenir celui-ci » (1). N. Dungan remarque qu’Obama s’inscrit aux antipodes de la tradition américaine (2) par son humilité, sa retenue dans le Hard Power et son dialogue multilatéral. Mais c’est oublier que la politique est duplice. J. Boys le comprend quand il explique qu’Obama use du Smart Power : « Pouvoir malin, caractérisé par l’hypocrisie et la manipulation » (3).
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