La politique actuelle de Vladimir Poutine s’inscrit dans la continuité de l’histoire russe visant à ouvrir un accès vers la Méditerranée et à établir des liens avec les pays de la région en s’inscrivant comme protectrice des chrétiens et comme capable de dialoguer avec le monde islamique. L’islam étant aussi une des religions de la Russie.
Moyen-Orient : Poutine dans les pas des tsars
Middle-East: Putin in the Footsteps of the Tsars
Vladimir Putin’s current policies continue Russian history in aiming to open up access to the Mediterranean and to establish links with countries in the region by proclaiming them as protection for Christians and offering the ability to engage in dialogue with the Islam world. Islam is, of course, one of the religions of Russia.
Nombreux sont ceux qui annoncent le retour de la « guerre froide » depuis que la Russie fait preuve de pugnacité dans les affaires géorgiennes, ukrainiennes, syriennes. Or, la « guerre froide » est un concept, un paradigme, une réalité, correspondant à une séquence de l’histoire caractérisée par la rivalité entre deux blocs : les États-Unis et leurs alliés face à l’Union soviétique et ses « satellites ». Leurs régimes politiques étaient irréductiblement antagonistes : d’un côté la démocratie et de l’autre le totalitarisme. Les États-Unis restent une puissance globale, ce que n’est plus la Russie. Nous étions dans un monde bipolaire, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. La guerre froide s’est achevée en 1989 avec la chute du mur de Berlin et, surtout, en 1991 qui marque la défaite de l’Union soviétique et sa dislocation. Il est habituel de penser la réalité d’aujourd’hui grâce à la grille de lecture d’événements se rapportant au passé… Cette approche est source d’erreurs et de fautes politiques pouvant avoir de graves conséquences. Les pays d’Europe centrale et orientale sont dans cet état d’esprit et, bien que faisant partie de l’Union européenne et de l’Otan, ils continuent de percevoir la Russie comme un État qui les menace…
De quoi s’agit-il en réalité ? D’abord, la Russie estime avoir payé trop cher sa défaite face à l’Occident. Elle ne veut plus continuer à payer… D’autre part, elle se donne les moyens d’une politique de puissance qui se traduit, notamment, par ses initiatives en mer Noire et au Moyen-Orient. La vérité est que le temps de l’Amérique « hyperpuissance » n’aura duré qu’une quinzaine d’années et le fait qu’aujourd’hui les Occidentaux aient des divergences avec Moscou, en particulier sur l’Ukraine et la Syrie, ne signifie pas que nous sommes, de nouveau, dans la « guerre froide ». La politique de la Russie au Moyen-Orient lui est dictée par la géographie et par l’Histoire. Cela signifie qu’il s’agit d’un acteur majeur dans cette région qui a la volonté d’y inscrire durablement sa marque.
Une politique induite par la géographie et par l’Histoire
Le Moyen-Orient, un remède à la claustrophobie russe
Dans le contexte de l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014, Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter, a déclaré à un journal français : « Poutine est un leader mégalomane, irrationnel, imprévisible »… Expliquer la politique de Moscou par la personnalité de son Président, c’est refuser de comprendre, d’analyser – et non de justifier – une politique constante depuis les tsars et dont Poutine n’est que le continuateur.
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