Moscou s’est engagé avec détermination pour soutenir le régime syrien par un déploiement conséquent de ses forces armées, en particulier ses moyens aériens. Malgré les tensions, un minimum de dialogue subsiste avec les États-Unis en attente des inflexions de la future administration américaine.
L’année syrienne de Moscou
Moscow’s Syrian Year
Moscow is firmly committed to support the Syrian regime through considerable deployment of its armed forces, air assets in particular. Despite the tensions, low-level dialogue continues with the United States while awaiting the reorientations of the future American administration.
Le 26 août 2015, Moscou et Damas signaient un accord en vertu duquel la Syrie autorisait le déploiement de forces aériennes russes sur son sol (1). Le 29 septembre suivant, le Conseil de la Fédération conférait au président Vladimir Poutine le droit d’utiliser les forces armées à l’étranger sans limite de capacités et sans imposer de restrictions ni dans le temps, ni dans l’espace. Répondant à l’appel du Président syrien, des appareils russes – déployés progressivement au cours des jours précédents sur la base aérienne Hmeimim au Sud de Lattaquié – entraient en action le 30 septembre 2015. La campagne russe en Syrie avait commencé par un triple objectif : sauver le régime de Damas d’un effondrement qui paraissait alors inéluctable, combattre le terrorisme islamiste et ouvrir la voie à une normalisation des relations avec la communauté euro-atlantique, mises à mal par la crise ukrainienne. À l’automne 2016, tandis que le règlement politique de la crise s’enlise à Genève et que les tensions entre Russes et Occidentaux se cristallisent autour d’Alep, cette année syrienne apporte déjà son lot d’enseignements sur les forces et les faiblesses de l’intervention russe.
Le « retex » du polygone syrien
Un coût humain et matériel acceptable
Presque toutes les composantes de l’armée ont été sollicitées. Selon les données du ministère russe de la Défense, les forces aérospatiales (VKS) ont réalisé en un an près de 13 000 sorties et l’opération aurait coûté environ 58 milliards de roubles (2). Avant le retrait limité intervenu le 14 mars 2016, les VKS réalisaient en moyenne 52 sorties par jour, contre 21 après cette date. Près de 80 % des frappes concernaient des objectifs situés à courte distance de la base aérienne Hmeimim, dans les provinces d’Alep, d’Idlib, de Homs, de Hama et de Damas. Les 20 % de sorties restantes concernaient les provinces de Hassaké, Raqqa et Deir ez-Zor, à l’Est du pays, où s’est établi l’État islamique (EI). La campagne aérienne aurait mobilisé jusqu’à 69 appareils lors du pic des opérations en novembre 2015, tandis qu’après le « retrait » du mois de mars, leur nombre serait tombé à 21. Au terme de la première année de leur engagement, les VKS ont perdu un Su-24, abattu par la Turquie, et 6 hélicoptères (3).
Hormis l’emploi de forces spéciales, l’armée russe n’est pas impliquée dans des opérations au sol. Toutefois, des contractuels appartenant à des compagnies militaires privées auraient été engagés dans des combats contre des groupes islamistes, notamment à Palmyre et à Alep, et au cours desquels plusieurs dizaines d’entre eux auraient péri (4). La Russie aurait déployé jusqu’à 6 000 hommes en Syrie avant le retrait graduel du 14 mars, dont 1 500 à 3 000 auraient été affectés au service et à la protection de la base Hmeimim (5). Sur cet effectif, 20 soldats auraient péri (6). La campagne syrienne continue en outre de bénéficier du soutien de la population russe. Selon une enquête réalisée fin octobre 2016 par le centre Levada, 52 % des personnes interrogées approuvaient les frappes aériennes (55 % en novembre 2015), dont 16 % les approuvaient « totalement » (21 % en novembre 2015) (7).
Il reste 74 % de l'article à lire
Plan de l'article