Editorial
Éditorial
Ce début d’année a bouleversé – comme prévu – notre environnement géopolitique avec deux confirmations majeures. Tout d’abord, le Brexit voté en juin dernier sera « hard ». Cela signifie aucune complaisance, aucun compromis entre Londres et Bruxelles. Certes, les enjeux de cette négociation à venir sont plus politiques et économiques que militaires. Mais l’impact sera réel avec des questions non résolues à ce jour. L’Union européenne saisira-t-elle cette opportunité pour renforcer son unité autour de sa défense ?
Or, les relations entre Paris et Londres sont importantes, que ce soit entre les armées, y compris pour le nucléaire, mais aussi avec de nombreux projets de coopération industrielle très structurants pour l’avenir, à l’image du Système de combat aérien futur (SCAF) ou du Système de lutte anti-mines du futur (SLAMF). Il serait dramatique que les futures discussions à Bruxelles – difficiles a priori – remettent en cause tous les acquis de ces dernières années mis en forme par le Traité de Lancaster House.
L’autre certitude, c’est la binarité de la nouvelle Administration Trump désormais à la Maison-Blanche. Entre les tweets incendiaires, « America First », les éloges du Brexit, les critiques acerbes envers l’UE et l’Otan, les tangages vont être forts. Il faut ici souligner que la France – le plus vieil allié militaire des États-Unis – n’a pas été mentionnée durant la transition. C’est révélateur du peu de considération et d’intérêt du nouveau Président à l’égard de notre pays.
Ces deux électrochocs surviennent alors que nous sommes en guerre contre le terrorisme islamiste, tant sur le territoire national qu’à l’extérieur avec des opérations en Afrique et au Moyen-Orient. Cet engagement massif et durable est exigeant et impose des contraintes fortes pour nos unités et nos militaires qui doivent en permanence s’adapter, se moderniser et, bien sûr, remplir la mission reçue. C’est l’objectif du dossier de ce mois qui présente plusieurs facettes de l’emploi opérationnel avec, en particulier, la question centrale du maintien en condition opérationnelle (MCO) de nos équipements – véritable clé du succès militaire – et les récentes évolutions et leçons retenues des attaques terroristes à travers la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) – acteur majeur de l’urgence dans l’agglomération parisienne – et l’adaptation de notre appareil juridique à cette lutte contre un ennemi sans foi ni loi.
Dans ce contexte d’incertitude stratégique, notre défense – au sens large – s’est transformée, avec la récente prise de conscience du politique, que le « temps des dividendes de la paix » appartenait désormais au passé et que l’effort de guerre demandé aux armées, directions et services, nécessitait de fait une attention de toute la nation. Cette rupture conceptuelle – après des années de réduction des budgets et donc du format de nos armées – est salutaire, à condition qu’elle se traduise dans la durée et ce, dès 2018. Les prochaines échéances présidentielles en sont l’opportunité. Ce n’est pas un hasard si la RDN a consacré en novembre un dossier à la primaire des Républicains et du Centre, et qu’elle vient de mettre en ligne des contributions de candidats à la primaire de la Belle Alliance populaire. Au-delà de la sélection démocratique à l’investiture, il importe que nos décideurs politiques s’engagent fermement pour une défense forte, garante de notre souveraineté et de notre indépendance dans un monde de plus en plus incertain et dangereux.