Depuis plusieurs décennies l’armée française a intégré, dans sa doctrine, le processus d’urbanisation comme un phénomène primordial pour les futures interventions sur le territoire national comme en opérations extérieures. En effet, depuis la Seconde Guerre mondiale, le théâtre des opérations militaires a évolué et les militaires ont vu les conflits se déplacer de la rase campagne qui étaient les champs de bataille conventionnels vers les zones urbanisées (cf. D. Dubois) : Mogadiscio en Somalie, Sarajevo en Bosnie-Herzégovine, Kaboul en Afghanistan, Gao au Mali ou encore Bangui en Centrafrique. Les villes « se distinguant par leur superficie, leur localisation, leur densité, la diversité culturelle de leur population, leurs infrastructures mais aussi par leur physionomie en constante évolution (…) peuvent devenir de véritables pièges pour les unités combattantes qui s’y trouvent engagées » (cf. D. Dubois, p. 4).

L’armée française, consciente de préparer techniquement ⁽¹⁾ mais aussi tactiquement ses hommes à combattre dans le tissu urbain, a mis en place différentes structures qui dispensent une formation spécifique à ce type d’engagement ⁽²⁾. Le dernier en date est le Centre d’entraînement aux actions en zone urbaine (Cenzub), offrant depuis 2006 la possibilité aux armées de s’entraîner, de façon réaliste, au combat dans les villes et les villages, et qui fera l’objet de cette étude.

En 2004, le Cenzub est créé sur le camp militaire de Sissonne dans le département de l’Aisne (02) en commençant la construction des sites d’entraînement. Le 28 juin 2006, il reçoit la garde du drapeau du 94^e Régiment d’Infanterie et dès le 11 septembre de la même année, le Cenzub accueille les premières unités en rotation de préparation opérationnelle. Le 1^er juillet 2013 il prendra officiellement l’appellation de Cenzub – 94^e RI. Dix années de travaux, un coût estimé à 80 millions d’euros, des moyens électroniques ultramodernes, voilà une idée des moyens de qualité donnés pour la formation de ce centre. Le Cenzub – 94^e RI, développe les aptitudes à l’engagement des unités en espaces confinés de niveau SGTIA (sous-groupement tactique interarmes), il gère des villages de combat, des champs de tir, le stage « contrôle de foule » afin d’être initiés aux techniques d’autoprotection face à une violence croissante ainsi que la formation contre-IED ⁽³⁾.