Daech se retrouve confronté à un risque d’échec militaire sur le terrain, mais pas sur celui des valeurs où son discours radicalisé continue de susciter l’adhésion de populations en plein désarroi idéologique face à une mondialisation non dérivée marquée par un ultralibéralisme destructeur des liens sociétaux traditionnels.
Daech dans le brouillard de la guerre
Daech in the Fog of War
Daech finds itself confronted with the risk of military failure in the field, but not on the field of authority: its radicalized discourse continues to inspire the compliance of populations in clear ideological disarray, faced with a non-derivative globalization marked by an ultra-liberalism that destructs traditional social ties.
Depuis 2001, la figure islamiste incarne l’ennemi stratégique de l’Occident. Une perception alimentée par la thèse controversée du « choc des civilisations », développée par le politologue américain Samuel Huntington, selon laquelle l’ordre du monde tient à un conflit de systèmes de valeurs dans lequel la civilisation islamique menace l’Occident. Tenants de cette théorie, les néoconservateurs américains ont exploité l’événement pour justifier une invasion militaire de l’Irak en 2003. Ironie de l’histoire, cette intervention militaire qui prétendait pouvoir exporter la démocratie libérale est à l’origine de la naissance du monstre Daech, encore plus destructeur et hégémonique que ne pouvait l’être Al-Qaïda.
Les interventions récentes en Irak, en Afghanistan et en Libye ont conduit à des chaos politiques, rappelant l’importance d’asseoir toute action militaire sur des objectifs politiques qui se gardent d’un universalisme dogmatique niant la réalité culturelle et historique des populations, tribus et communautés qui y résident.
Une désintégration identitaire
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