Stratégie maritime - Flottes de combat 2016
Le vénérable annuaire créé en 1897 était attendu avec impatience. Sa dernière édition datait en effet de 2012. L’ouvrage de 1 500 pages pèse plus de 4 kg. C’est le douzième ouvrage rédigé par le capitaine de vaisseau de réserve Bernard Prézelin. Ce travail de bénédictin est d’une ampleur sans précédent. Ainsi, l’édition 1947 faisait 400 pages, celle de 1988, 940. L’augmentation exponentielle reflète de fait l’accroissement permanent des flottes militaires sur la planète et donc les évolutions géopolitiques en cours avec le déclin relatif des marines occidentales et l’expansion continue des escadres asiatiques, en particulier chinoises.
L’abondance de la documentation ainsi fournie et vérifiée avec minutie constitue un outil d’analyse stratégique de premier ordre, non seulement pour les aspects techniques mais aussi pour dégager les grandes tendances, comme la compétition lancée par la Chine dont les ambitions se concrétisent chaque jour un peu plus puisque Pékin dispose désormais de la deuxième marine de guerre, dépassant en tonnage la marine russe. À l’analyse des flottes de chaque pays peut également se rajouter la question des grands marchés à l’exportation. Ainsi, les grands pays comme les États-Unis, la Russie, la France, la Chine, l’Italie, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne sont des exportateurs majeurs. Avec des enjeux colossaux comme les sous-marins australiens et norvégiens. Les réussites ou les échecs imposent de fait des recompositions industrielles dont les enjeux sont stratégiques.
La marine américaine reste cependant de loin la plus puissante mais a toutefois perdu 10 % de son tonnage depuis 2012, aggravé par des retards et des difficultés de mise au point de certains programmes peut-être trop ambitieux comme les destroyers lance-missiles furtifs Zumwalt. 32 navires étaient prévus mais la série se limitera à 3 exemplaires, obligeant à relancer le modèle des Arleigh Burke avec 12 unités supplémentaires dans un premier temps. Il en est de même pour les LCS (Littoral Combat Ship) dont les problèmes restent récurrents, avec 2 modèles différents. Seules 26 unités seront livrées, en attendant un nouveau modèle de frégate à partir de 2018. Du côté des porte-avions, la flotte est passée de 11 à 10 bâtiments avec le retrait, fin 2012, du mythique CVN-65 Enterprise. Son successeur, le CVN-75 Gerald Ford sera admis au service actif en avril avec retard en raison de la mise au point laborieuse de ses récents équipements dont des nouveaux réacteurs nucléaires et 4 catapultes électromagnétiques EMALS (Electromagnetic Aircraft Launch System). 2 autres porte-avions sont en cours de construction, pour le CVN-79 John F. Kennedy avec une mise en service programmée en 2022 et le CVN-80 Enterprise encore à l’étude et qui remplacera le CVN-78 Nimitz.
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