Editorial
Éditorial
Il y a soixante ans, six pays d’Europe occidentale signaient le 25 mars 1957 le Traité de Rome, donnant ainsi naissance au projet européen. Celui-ci avait été initié quelques années plus tôt avec la création de la CECA permettant de mettre en commun charbon et acier, les matières premières indispensables à la reconstruction du « vieux » continent marqué par les cicatrices encore douloureuses de la guerre.
Dans un contexte d’incertitude stratégique et idéologique majeur, liée à la guerre froide avec la menace avérée de l’apocalypse nucléaire, ces États s’engageaient politiquement et économiquement dans une perspective de progrès partagé, permettant d’étouffer les nationalismes et les populismes des années 1930, source des désastres ultérieurs. Force est de constater que ces leçons de l’Histoire semblent aujourd’hui hélas oubliées par certains leaders politiques prompts à dresser des frontières et des murs.
Il y a quelques semaines, le porte-avions Charles-de-Gaulle rentrait au bassin, à Toulon, pour un chantier majeur d’une durée de dix-huit mois visant à le moderniser et à poursuivre jusqu’à l’horizon 2040 une carrière opérationnelle déjà particulièrement dense. Cette indisponibilité technique est l’occasion à la fois de présenter les objectifs du programme industriel en cours, mais aussi de réfléchir à l’outil politique que constitue ce type de navire. Ce n’est pas un hasard si les marines de Russie, de Chine et d’Inde s’efforcent de rattraper leur retard dans le domaine de l’aéronavale embarquée par rapport aux puissances occidentales comme les États-Unis ou la France. Ainsi, le deuxième cycle opérationnel de notre porte-avions a démontré la pleine maturité de notre groupe aéronaval désormais équipé en « tout Rafale », fruit de bientôt quatre-vingts ans d’expérience de ce type de bâtiment.
Ce type de maturité opérationnelle est également le résultat de notre système de formation. C’est le thème du deuxième dossier de ce mois avec des contributions portant sur des aspects souvent peu connus mais pourtant indispensables pour préparer nos cadres militaires mais aussi civils à assumer des responsabilités – que ce soit dans le cadre de la fonction publique, à l’international ou des entreprises, voire des ONG – dans un contexte plus difficile, où les tensions stratégiques ne cessent de croître sur fond d’une menace terroriste islamiste permanente.
À l’heure où notre pays est désormais entré dans la campagne présidentielle, il est essentiel que tant nos décideurs que les électeurs prennent conscience de ces enjeux de sécurité et de défense. Et que toute négligence ou baisse dans l’effort se payent désormais au prix fort.
Les leçons de l’histoire sont là pour nous le rappeler, à condition d’y réfléchir avec sérieux et sans se contenter d’en extraire des tweets. ♦