Le terrorisme islamiste actuel a mis en avant le combattant volontaire étranger : le djihadiste ayant rejoint l’Irak et/ou la Syrie au nom d’une cause idéologique. Celui-ci récuse sa nationalité initiale, devenant de fait un ennemi universel dont le retour est redouté puisque son projet n’est plus compatible avec le nôtre.
Combattants volontaires étrangers : le spectre de l’ennemi universel
Foreign Voluntary Combatants: the Spectrum of the Universal Enemy
The current Islamic terrorism is put in front of the foreign voluntary combatants: the jihadist having joined Iraq and/or Syria in the name of an ideological cause. Those who reject their initial nationalities, become the universal enemies that their return is feared since their projects are not compatible with ours any more.
Lors du récent Forum sur la sécurité en Afrique, tenu à Marrakech, une table ronde s’intitulait : « Combattants volontaires étrangers : le spectre de l’ennemi universel ». Le titre n’était pas anodin et ouvrait de belles perspectives, tout d’abord sur la notion d’ennemi universel. Mais avant d’aller si loin, il est surtout l’occasion de s’interroger sur l’idée même de « Combattant volontaire étranger », qui n’est en fin de compte pas si évidente qu’il y paraît, malgré son usage courant dans les médias.
À travers l’histoire en effet, il y eut de multiples sortes de combattants volontaires étrangers : on pense bien sûr aux brigades internationales en Espagne ou aux différentes unités constituées par les Allemands au cours de la Seconde Guerre mondiale ; éventuellement aux mercenaires de tout poil, en Afrique, à l’issue de la décolonisation ; plus récemment aux différents contractors employés par les compagnies anglo-saxonnes, ici en Irak, là en Afghanistan. Mais remontez plus loin dans l’histoire et vous observerez que pas une armée d’un grand chef militaire (Alexandre, Hannibal, César ou Napoléon) n’a été une armée seulement « nationale ». Il y a toujours eu des combattants étrangers, plus ou moins volontaires. Pourquoi, dès lors, la question prend-elle une actualité singulière ? Et surtout, pourquoi en faire le « spectre » d’un ennemi universel ?
Nous montrerons que cet intérêt tient surtout à l’emploi massif de ces combattants par les djihadismes de toute obédience, qu’ils mettent en œuvre une forme d’apatridie volontaire, qu’enfin les pays d’origine courent le risque d’un « effet mercure » face à ces individus.
Il reste 82 % de l'article à lire
Plan de l'article