L'ONU a envoyé une force internationale au Sud-Liban à la suite de l'invasion israélienne de mars 1978. Cette quatrième opération de maintien de la paix dans la région est originale par bien des traits, la Force intérimaire étant confrontée sur le terrain à des réalités politiques très complexes. Dans la mesure où cette initiative, due avant tout à la diplomatie américaine, ne peut être isolée d'un processus général plus ou moins en cours au Proche-Orient, elle revêt une importance majeure. Encore faut-il démêler un écheveau redoutable…
L'auteur a pu se rendre à deux reprises ces derniers temps au Sud du Liban, notamment dans la zone opérationnelle de la Finul. Il a été reçu en février dernier à l'état-major de la force ainsi qu'au PC du détachement logistique français. Il présente l'opération menée depuis 1978 à la lumière de cette expérience sur le terrain.
Le 18 avril dernier, à la suite de l’assassinat de deux « Casques bleus » irlandais par les milices conservatrices libanaises du commandant Haddad, le conseil de sécurité des Nations Unies a exprimé une vive indignation. Le délégué français, de son côté, a fait part de sa préoccupation devant « la dégradation rapide de la situation au Sud-Liban du fait du comportement inadmissible des « forces de facto » à l’égard de la FINUL et des interventions militaires répétées d’Israël dans la région ». M. Philippe Husson a d’ailleurs ajouté : « La détérioration de la situation au Liban doit appeler une réaction ferme de notre conseil. C’est lui qui a décidé de la création de la FINUL, c’est lui qui a approuvé son mandat. Il est urgent de porter remède à la dégradation actuelle. Il y va de la crédibilité du conseil de sécurité… La FINUL doit pouvoir faire usage de la force toutes les fois qu’elle le jugera nécessaire pour accomplir strictement le mandat qui lui a été assigné par le conseil de sécurité » (1).
Il est ainsi vraisemblable que les moyens défensifs de la FINUL devront être renforcés dans un proche avenir si sa mission est confirmée. Par-delà l’aspect strictement militaire du problème, le délégué français pose une question qui est essentiellement politique : Quel est le processus dans lequel est venu s’inscrire l’intervention des Nations Unies ? Quelle peut être la finalité véritable d’une opération approuvée en apparence par des adversaires impénitents dont aucun ne semble avoir renoncé à ses objectifs propres ?
Parmi les opérations de maintien de la paix que les Nations Unies ont conduites jusqu’à présent, notamment en Orient (FUNU I – UNFICYP – FUNU II – FNUOD), l’opération du Sud-Liban est à coup sûr l’une des plus difficiles (2), en tout premier lieu en raison de la profonde ambiguïté qui l’a caractérisée dès l’origine. De trop nombreux commentateurs, en particulier les juristes, font une lecture au premier degré des résolutions adoptées par les Nations Unies et des rapports présentés par l’Administration internationale. Il est clair cependant que le langage utilisé est un langage convenu, qu’il convient d’interpréter en restituant sa vérité politique en mettant en évidence ce qui n’est pas dit. C’est, il est vrai, une entreprise périlleuse qu’il faut mener avec précaution. Elle est cependant facilitée par une analyse politique de la situation.
La création de la FINUL
La situation sur le terrain
Un contexte politico-militaire embrouillé