Editorial
Éditorial
Les mois de Mai ont souvent été porteurs de rupture stratégique et politique depuis la création de la Revue, un certain mois de mai 1939.
Parmi les plus significatifs, car ils ont signifié un changement souvent radical, voire brutal, je citerai 1940 et notre effondrement militaire et politique ; 1958, sur fond de guerre d’Algérie avec le retour du général de Gaulle, l’avènement de la Ve République où le chef de l’État est chef des armées ; 1968, avec ses événements autant sociétaux qu’idéologiques remettant en cause certains fondamentaux de la société des Trente Glorieuses ; 1981, avec une alternance politique inédite où certains étaient persuadés que les chars soviétiques allaient débouler place de la Concorde ; enfin, 2017, où le premier tour de l’élection présidentielle marque une évolution profonde et l’expression d’un pessimisme national, révélateur d’une angoisse, face à l’avenir.
Tous ces événements se reflètent à travers les 800 numéros de la RDN. Car l’Histoire est sans fin, contrairement à ceux qui ont cru, à tort, aux dividendes de la paix. Elle est hélas souvent tragique, violente et absurde. La guerre a été et reste une constante tout au long des dizaines de milliers de pages publiées par la Revue. Hier contre l’Allemagne nazie puis face à l’Union soviétique, guerres de décolonisation aux séquelles encore vives comme l’a encore démontré l’actuelle campagne électorale… Et aujourd’hui contre un ennemi clairement désigné : le djihadisme islamiste, nous imposant d’agir à la fois à l’extérieur de nos frontières mais désormais aussi sur notre propre territoire national. Cette complexité historique et géopolitique a été portée par chacun de ces 800 numéros. Et comme dès l’origine de la Revue, l’objectif a été et reste de contribuer à l’indispensable débat stratégique nécessaire pour assurer avec efficacité la défense de notre pays.
Dans un monde fracturé, sans que la multipolarité soit gage de stabilité et de sécurité, il faut souligner une prise de conscience récente de nos dirigeants politiques sur les questions de défense. Après des décennies d’un pseudo-consensus préludant en réalité à des coupes budgétaires massives – en prétendant faire mieux avec moins – l’irruption de la violence aveugle en janvier 2015 a marqué un tournant. La défense et la sécurité sont redevenues des priorités régaliennes – au risque de surenchères politiciennes, voire populistes… Les enjeux sont devenus trop graves et trop structurants pour obliger désormais à un changement de cap, en donnant aux armées et à leur environnement les moyens financiers et humains pour assurer la protection des Français, premier devoir de l’État.
Le prochain chef de l’État aura, de fait, des choix stratégiques à faire dans le court mais aussi le long terme. Une défense se construit dans le temps long, les impasses se payant au prix fort comme en 1940. Plus que jamais, il va être nécessaire de réfléchir en s’inscrivant dans la durée. Comprendre le passé ; car l’Histoire ne s’arrête pas, elle marche ; expliquer aujourd’hui pour préparer demain. Les 799 précédents numéros de la RDN se sont inscrits dans cette volonté de contribuer au succès des Armes de la France. ♦