Les 800 numéros de la RDN, depuis 1939, constituent un fonds documentaire exceptionnel sur notre défense et son environnement géopolitique. Depuis 1994, la mise en valeur de nos archives est une œuvre de longue haleine qui ne cesse de prendre de l’ampleur grâce au site Internet, dont la modernisation a eu lieu en février.
La RDN et la mise en valeur de ses « archives »
RDN and Developing its Archives
The 800 editions of RDN published since 1939 constitute an exceptional source of information about our defence and its geopolitical environment. Since 1994 we have been going through the long task of updating and improving our archives, access to which has been made simpler via our web site, which was modernised last February.
Dès que la revue s’est dotée d’un site Internet (1994), y présenter les dernières réflexions sur les questions de défense publiées dans l’édition mensuelle tout autant que celles plus anciennes (voire très anciennes) mais non moins intéressantes, a été une évidence. Créée en mai 1939 par le Comité d’études de défense nationale (CEDN), cette association loi 1901 lui garantit une indépendance vis-à-vis des armées – tout en en restant proche vu la composition de son conseil d’administration ou de ses auteurs – et du pouvoir en place.
La revue a survécu à la Seconde Guerre mondiale et à tous les événements qui ont marqué notre histoire au XXe siècle (le numéro de mai 1968 a ainsi dû être fusionné avec celui de juin). Ces 78 années d’existence, caractérisées par ce 800e numéro, en font, année après année, un témoin de plus en plus riche pour tous ceux qui observent le passé en voulant comprendre le présent et réfléchir au futur. Ayant pris conscience de l’intérêt de ce patrimoine, la revue fait de nombreux efforts pour en faciliter l’accès.
Une numérisation de ses archives à marche forcée
Le terme « archives » est ici improprement utilisé dans la mesure où sont ainsi désignés les anciens numéros de l’édition mensuelle ou les hors-série (ancêtres des actuels Cahiers) ; les véritables archives seraient l’ensemble de la correspondance auteurs-rédaction et des différents documents internes à la RDN. La numérisation renvoie tout autant au passage au format numérique (scan) des anciens numéros qu’à leur référencement (dans une base de données ou sur le site Internet).
Indexation en ligne
Accroître le chiffre d’affaires en ligne est une nécessité, la revue vivant de ses ventes et de ses recettes publicitaires. Proposer une interface moderne et des contenus les plus complets possibles sont donc les deux fils conducteurs de tout travail effectué sur Defnat.
À la fin de l’été 2010, la RDN franchit un cap en revoyant de fond en comble son site. Celui-ci, profondément modernisé en février 2017, nous a permis d’étoffer sérieusement le nombre d’articles proposés à nos lecteurs : c’est la création de la « Tribune » (en remplacement du « Forum ») et le développement des « e-recensions » et des Cahiers de la RDN. En parallèle, le référencement en ligne de l’ensemble des sommaires s’accélère afin de combler les vides (sommaires manquant ou incomplets). À l’été 2011, tous les articles de fond sont référencés sur Defnat, puis c’est au tour des chroniques (novembre 2012) et enfin, plus récemment, des recensions (été 2015). C’est ainsi que vous pouvez désormais trouver plus de 20 000 articles, soit en utilisant le moteur de recherche du site, soit en passant par la « Bibliothèque » pour accéder aux sommaires des « Anciens numéros » après avoir renseigné l’année désirée.
Afin de faciliter les recherches sur le site, ce travail de référencement s’est accompagné d’une homogénéisation des termes et une explication des sigles : pour exemples, « Vietnam » est préféré à « Viet-Nam », « États-Unis » à « USA » ou « République démocratique d’Allemagne (RDA) » à « RDA ». Les graphies anciennes (comme Iraq) ont également laissé place aux plus récentes (Irak). Toujours dans l’objectif de faciliter les recherches, tous les résumés existants (des années 2000 à aujourd’hui) ont été progressivement mis en ligne.
Numérisation en PDF
Outre la mise en ligne des sommaires, les années 2000 ont vu une première numérisation de l’ensemble des numéros depuis 1939. Fort coûteuse pour un résultat insatisfaisant (qualité parfois médiocre du scan, nombreuses erreurs, etc.), cette numérisation permettait toutefois la lecture de ces numéros pour les abonnés et donc l’accès aux sommaires détaillés, un véritable atout pour le lecteur puisque le référencement des articles était loin d’être terminé sur Defnat. Toutefois, leur hébergement sur un site distinct de celui de la revue (nécessitant une double recherche) ainsi que le coût non négligeable dudit hébergement, alors même que le CEDN devait faire face à une importante perte de ses revenus publicitaires mettant en péril sa survie, rendaient cette solution non pérenne. Cette première expérience prit fin en 2014.
C’est en 1996 que la revue a commencé à préparer et mettre en page elle- même ses articles. Depuis cette date, elle dispose de tous ses articles au format PDF prêt à l’impression. Tant pour faciliter leur conservation (obsolescence des logiciels, altération des fichiers, etc.) que pour disposer de fichiers de bonne qualité pour la lecture (absence des caractéristiques nécessaires à l’imprimeur), l’ensemble de ces articles (près de 4 000) a donc été ressorti dans un format PDF classique à partir de 2010.
L’étape suivante consistait à traiter les images issues de la première numérisation afin de reconstituer les articles. Néanmoins, face à leur qualité médiocre et un poids trop important pour des envois par courriel, il est décidé, en novembre 2014, de numériser à nouveau les 570 numéros (1939-1995) afin de disposer de fichiers d’excellente qualité et rapidement exploitables, notamment pour les « Florilèges » (voir infra). C’est chose faite depuis octobre 2016 avec plus de sept mois d’avance sur les prévisions : la RDN possède ainsi, en interne, plus de 52 Go d’archives complètes (PDF et traitement de texte) de 1939 à nos jours, en cours d’uniformisation. Les illustrations de début ou de fin d’articles (plus de 1 100 entre 1939 et 1972), les photos, graphiques ou schémas ont également été numérisés en haute définition. Au total, plus de 107 000 pages ont été traitées.
Des archives de plus en plus complètes et ouvertes
Une fois tous les sommaires indexés, un certain nombre d’articles a été mis en accès libre : in memoriam, présentation ou débats de colloques, introduction de dossiers, éditos et vœux, etc. Par ailleurs, de très nombreux discours, allocutions ou interventions devant des militaires, des ambassadeurs, des étudiants ou des auditeurs de l’IHEDN prononcés par des officiers généraux (CEMA, CEMAT, CEMM ou CEMAA), des présidents de la République ou des ministres – en exercice ou qui l’étaient peu avant – ont été publiés dans l’édition mensuelle. Ces 167 textes ont été nettoyés, préparés et remis en page. Pour l’instant uniquement disponibles dans notre bibliothèque Calaméo, une page dédiée, probablement sur le principe de l’actuelle page « Florilèges », permettra prochainement d’accéder à ces documents, souvent historiques, très utiles pour comprendre les différentes orientations en matière de défense et de sécurité ou de relations internationales de notre pays.
Le Florilège
Pour contribuer à la mise en valeur des « archives » et donner une meilleure idée de la richesse des numéros, il fut décidé, au 1er janvier 2012, de republier chaque semaine un ancien article pour éclairer un événement passé (conflit, événement majeur ou figure historique) : l’intérêt est soit historiographique quand il permet de (re)découvrir une analyse d’époque, soit historique quand il lève le voile sur des personnages ou événements méconnus, voire oubliés. Le « Florilège » était né ! Jusqu’alors, des articles anciens étaient mis en ligne occasionnellement dans la rubrique « Autrefois ». Ces articles, scannés et « océrisés » (passage du format PDF au format traitement de texte), sont remis en page dans un format proche de l’époque : l’idée est de les rendre plus authentiques qu’avec une simple mise en ligne au format HTML, tout en restant plus agréables à la lecture qu’une photo d’un document annoté et vieilli par le temps mais surtout consultable depuis n’importe quel support sans nécessiter un téléchargement long. Sur la toute dernière version du site, une page leur est dédiée (dans l’onglet « e-RDN » ou directement depuis la page d’accueil, en bas à gauche) : ils sont classés par ordre antéchronologique et par année. En cliquant sur la vignette, vous accédez à un lecteur PDF Calaméo, tandis qu’à côté apparaissent les date et semaine de republication, événement lié et, si elle existe, une courte présentation de l’article et/ou du contexte initial.
Les chroniques et recensions gratuites
Dans l’idée d’attirer un lectorat plus jeune (étudiants en histoire ou sciences politiques) ou moins captif que les seules personnes gravitant autour du ministère de la Défense, il a été décidé de mettre en ligne gratuitement les chroniques et recensions. Respectivement au nombre de 4 767 et 5 363, leur taille est en effet très variable : de deux lignes, ou un paragraphe, à plusieurs pages. Vendre des recensions d’ouvrages n’a pas de sens et les anciennes chroniques sont souvent factuelles : nous pensons notamment aux chroniques « Faits et dires », « Défense à travers la presse », « Cinéma » ou « Revue des revues ». C’est un travail long et fastidieux, quoiqu’intéressant, qui va prendre plusieurs années. Depuis janvier 2017, chaque mois, les chroniques et recensions d’il y a cinquante ans (1967) sont en accès libre. D’autres périodes seront mises en lignes dès que possible.
Une amélioration notable des notices biographiques
Depuis octobre 2016, les notices biographiques des auteurs sont régulière- ment complétées, notamment celles de « grands anciens ». L’idée est de proposer la biographie la plus complète possible en rapport avec les articles écrits par l’auteur ; elle doit donc donner les principales fonctions au moment de la rédaction des articles ainsi que les grandes dates, afin d’être utile dans la compréhension du contexte de ces articles. Pour un certain nombre de notices, principalement les plus anciennes, cela nécessitera un important travail de recherche, ne serait-ce que pour retrouver l’identité précise des auteurs (par exemple, pour les militaires, le prénom manque souvent). Les sources privilégiées pour compléter les notices sont majoritairement les dictionnaires, les fiches renseignées sur les sites officiels (Académies, Parlement) ou les ouvrages historiques.
Les « grands auteurs »
La RDN rend également hommage à des auteurs qui ont particulièrement contribué (et, pour certains, qui contribuent encore) au débat stratégique dans la RDN en republiant dans des Cahiers l’ensemble de leurs textes. On retrouve ainsi les généraux Pierre-Marie Gallois (2010 – 20 articles) et Lucien Poirier (2013 – 8), pères de notre dissuasion, les généraux Claude Le Borgne (2009 et 2015 – 62, sans les chroniques et les recensions !), Robert Carmona (2014 – 17 articles, sans les chroniques et recensions) et Jean Compagnon (2017 – 10), Jean-Philippe Immarigeon (2011 – 15), notre ancien rédacteur en chef l’amiral Jean Dufourcq (2014 – 56 !) ou notre essayiste Le Cadet (2016 – 49 billets). Ces Cahiers sont disponibles à la vente au format numérique (et parfois papier).
2018 verra la publication de deux autres plumes importantes : Raoul Castex et Charles Ailleret, auteurs tous deux de 20 textes, respectivement entre 1939 et 1967, et entre 1947 et 1967.
Et demain ?
Si la revue a conscience du chemin parcouru et des étapes franchies récemment, elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. À court, moyen ou long terme, la revue a des idées bien précises pour améliorer significativement la navigabilité dans ses archives.
À court terme (d’ici un an), la pagination et le nombre de pages permettront aux visiteurs d’avoir une meilleure idée du format de l’article. Ils disposeront également de toutes les informations pour citer correctement l’article (référencement académique) d’autant que la revue a connu plusieurs changements de nom dans son histoire : Revue des Questions de défense nationale (mai 1939), Revue de Défense Nationale (septembre 1945), Défense nationale (janvier 1973), Défense nationale et sécurité collective (janvier 2005) et Revue Défense Nationale, son nom actuel depuis janvier 2010. Actuellement, la base de données interne à la revue n’a ses informations que pour un peu plus d’un tiers de l’ensemble des numéros : une fois celle-ci complétée, elles seront mises en ligne en peu de temps sur le site.
De même, les sommaires détaillés des Cahiers – une cinquantaine depuis 2010 – seront ajoutés, sur le même principe que pour l’édition mensuelle, permettant ainsi de trouver les articles via le moteur de recherche, leur offrant ainsi une visibilité méritée. La principale difficulté réside dans la gestion des doublons, ces articles publiés à la fois dans un Cahier et dans l’édition mensuelle.
La prochaine étape importante sera la mise en ligne de la première page (environ 2 000 signes) de chaque article, en libre accès : cela présentera l’avantage de remédier à l’absence de résumés pour la quasi-majorité des articles antérieurs à 2009. Ce volume devrait correspondre à la présentation du sujet, de la problématique et du plan. Une légère modification de la présentation de chaque article sera nécessaire avec une distinction entre résumé et texte. Le nombre précis d’articles concernés n’est pas quantifié mais il est certain que la tâche sera fastidieuse. En effet, on dénombre 8 606 articles entre 1939 et 2009 mais n’en sont pas déduits tous les articles déjà mis en accès libre – hommage, présentation, correspondance… – ni les articles déjà nettoyés pour les « Florilèges » – 291 – ou les discours et autres allocutions – 166. Néanmoins, une fois ce travail terminé, la RDN possédera probablement un outil unique en son genre, vecteur de notoriété et source de revenus supplémentaires, aspect non négligeable pour son indépendance et sa pérennité. Le travail préparatoire, à savoir le nettoyage des 6 167 articles de 1939 à 1995, a débuté dès la fin de la numérisation des numéros.
De même, et afin de mieux mettre en valeur les nombreux articles historiques, il faudra probablement proposer un accès plus simple aux rubriques (via une page dédiée ?) qui ont ponctué l’édition mensuelle comme « Pages d’histoire », « Figures du passé », « La pensée militaire à l’étranger », « Études et enquêtes », « Documents », « Politique et diplomatie », « Actualités économiques » ou encore « Sciences et techniques ».
Un travail d’équipe patient et méthodique
À la fois atout et faiblesse de la revue, les effectifs sont réduits : de la conception à la mise en ligne en passant par la relecture, nous sommes quatre au quotidien (Marie-Hélène, Pascal, Jérôme et Paul). La priorité va donc aux publications régulières (édition mensuelle, Tribunes, Cahiers, Florilèges et e-Recensions). L’amélioration des archives se fait par petites touches tout au long de l’année et de manière plus significative lors de périodes plus calme (traditionnellement après juillet).
L’apport ponctuel des stagiaires au printemps est donc un élément important. Ainsi la relecture des chroniques et recensions leur a été progressivement confiée dès 2015 jusqu’à devenir leur tâche principale. De même, la sélection des futurs articles du « Florilège » leur incombe. Qu’il nous soit ainsi permis de remercier sincèrement ceux qui, à l’aube de leur carrière professionnelle, ont apporté leur modeste, mais non négligeable, pierre à l’édifice : Florence, Émilie, Maxence, Marine, Coralie, Asher, Fatou, Arnaud, Abdrahamane, Humera, Joseph, Aurore, Mia, Naufal, Guergana, Arnaud, Alexandra, Aude, Maxime, Antonin, Florent, Natsumi, Édouard, Pierre, Alice, Emily, Elna, Grace, Paul, Alban, Benoît, Delphine, Emma, Vincent et Baptiste !
En un peu plus d’une décennie, la revue s’est dotée d’un site Internet qui s’enrichit progressivement et dont le but est d’offrir aux lecteurs un accès complet à l’ensemble des sommaires détaillés de toutes ces publications (édition mensuelle, Cahiers, etc.). Si la revue fait tout pour maintenir une excellence sur les questions de défense et les relations internationales aujourd’hui, elle ne néglige pas pour autant son passé et met en valeur son patrimoine. Avec 800 numéros témoins clefs de notre histoire depuis 1939 et abordant des thèmes d’une grande variété (de l’économie aux relations internationales, en passant par la stratégie, le progrès scientifique et la sociologie), elle doit être un outil indispensable pour quiconque traite des questions historiques et militaires depuis la Seconde Guerre mondiale : nul doute, qu’avec plus d’un tiers de ses articles disponibles en accès libre dans quelques années depuis n’importe quel support, elle y parviendra. ♦