Le prochain président de la République et chef des Armées devra fixer la politique de défense dans un environnement stratégique dont les transformations sont aussi profondes que celles qui ont prévalu il y a plus d’un quart de siècle avec la fin de la guerre froide et la disparition de l’empire soviétique. À certains égards, nous assistons à une véritable contre-révolution au plan stratégique. Là, où la démocratie libérale allait servir de terminus à la locomotive de l’Histoire, règne un fanatisme religieux digne de la guerre de Trente Ans, semant la terreur jusque dans nos propres cités. Là, où la mondialisation promettait une « terre plate », se dressent les obstacles au commerce international et à la circulation des êtres humains. Là, où les technologies de l’information allaient conduire à un partage généralisé des connaissances et une liberté d’expression que nul État ne saurait endiguer, se produit l’éclatement des nations et de la société en micro-communautés rassemblées autour des récits de la post-vérité et la transformation de la cybersphère en lieu de censure, de répression et de guerre. Et enfin, là où devait s’imposer le multilatéralisme efficace, se dessine le retour à un monde westphalien dans lequel s’imposerait la seule loi des plus forts, dans un monde multipolaire où la lutte pour l’hégémonie n’aura pas d’issue rapide ou évidente.

Ce ressac a pris de la puissance à partir de 2014, année de l’irruption de Daech et son « califat » comme force majeure au Moyen-Orient et de l’annexion de la Crimée dans des conditions inédites en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a pris une dimension nouvelle avec la victoire du Brexit au Royaume-Uni et de Donald Trump aux États-Unis.

Ce grand mouvement aura pour notre pays des conséquences majeures en matière de défense :