La position de l’Allemagne sur les questions de défense et de sécurité a évolué face aux nouvelles contraintes géostratégiques. Berlin souhaite être un acteur tout en ayant conscience de certains fondamentaux liés à son histoire. La France – partenaire majeur – doit faire cet effort de compromis pour relancer le projet européen.
L’Allemagne et la défense en 2017 : une « puissance réfléchie » qui se veut au cœur du jeu européen
Germany and Defence in 2017: a ‘Carefully Considered Power’ Seeking a Position at the Heart of European Matters
Germany’s position on defence and security issues has evolved in the face of new geostrategic limitations. Berlin is seeking to become a player whilst remaining conscious of certain fundamental issues relating to its history. France, a major partner, needs to make effort and compromise to re-launch the European project.
Depuis mon arrivée à Berlin en tant qu’ambassadeur, j’ai pu constater la réalité des évolutions – plus rapides qu’on ne le perçoit parfois en France – que connaît l’Allemagne dans le domaine de la défense.
Pour ne prendre que quelques exemples récents : il y a un an et demi, l’Allemagne a répondu à l’invocation par la France de l’article 42.7 en déployant plus de 500 soldats dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) ainsi que des avions de reconnaissance et une frégate dans le cadre de la coalition contre Daech. Au mois de juillet 2016, au Sommet de Varsovie, Berlin s’est engagé à participer à la « présence avancée renforcée » de l’Otan sur son flanc Est, avec près de 1 000 soldats. En décembre 2016, le Conseil européen a, sur la base des propositions franco-allemandes avancées par nos ministres des Affaires étrangères et de la Défense, pris des décisions ambitieuses pour la relance de l’Europe de la défense. Au début du mois de février 2017 encore, l’Allemagne a décidé de renforcer sa présence au sein de la Minusma par le déploiement d’hélicoptères d’évacuation médicale et de soutien.
Pour autant, les questions de défense restent, on le sait, un sujet sensible à Berlin. Il n’est pas toujours aisé pour l’Allemagne de réconcilier ses nouvelles responsabilités dans le domaine de la défense, qu’elle n’a pas nécessairement voulues, avec la réticence « congénitale » de la République fédérale d’après 1945 à l’usage de la force – d’où le fait que les termes de « puissance » ou de « leadership » doivent nécessairement s’y voir adosser un modérateur.
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