La France s’est réinvestie dans la zone Asie-Pacifique depuis trois décennies pour contribuer à sa sécurité par des activités bilatérales et la participation aux fora régulièrement organisés. Cette dimension de notre politique de défense et de sécurité mérite donc d’être mieux connue en particulier dans certains cercles parisiens.
La France et la sécurité en Asie-Pacifique depuis la fin du premier conflit indochinois
France and Security in Asia-Pacific Since the End of the First Indo-Chinese Conflict
France has been reinvesting in the Asia-Pacific region for the past thirty years, to contribute to its security through bilateral activity and participation in the regularly organised forums. This dimension of our defence and security policy is worthy of better understanding—in particular within certain circles in Paris.
L’action de la France en matière de défense et de sécurité en Asie-Pacifique est souvent minorée, parfois caricaturée, voire ignorée. L’attention naturellement accordée au rôle des grandes puissances d’Asie-Pacifique – les États-Unis, la Chine, l’Inde ou le Japon – conduit à sous-estimer la contribution d’un acteur stratégique, la France – considéré avant tout comme européen et donc extérieur à la région – dont la puissance s’exerce à l’échelle globale, tant sur le plan diplomatique que militaire et économique, notamment en Asie-Pacifique. Il ne s’agit pas de surévaluer le rôle stratégique de la France dans la région mais de simplement reconnaître qu’après un effacement de son rôle à partir de la fin du premier conflit indochinois, la France s’est réengagée sur le plan stratégique dès le début des années 1990, mouvement qui s’est encore amplifié au cours des dernières années. Cela correspond à une inflexion stratégique durable qui s’est traduite dans sa politique de défense et concrètement sur le plan régional en termes d’opérations, de coopération et de dialogue.
De la guerre d’Indochine aux Accords de Paris sur le Cambodge
La défaite de Diên Biên Phu, le 7 mai 1954 puis les Accords de Genève, le 20 juillet 1954 marquent indubitablement la fin d’une époque pour la France en Asie, celle d’une grande puissance incapable de s’opposer au puissant mouvement historique de la décolonisation, sur fond de guerre froide. L’engagement militaire français dans la région, essentiellement dans la péninsule indochinoise, connaît alors un rapide déclin, qui s’étale néanmoins jusqu’au milieu des années 1960. Le corps expéditionnaire français quitte le Vietnam en avril 1956 et, si les Accords de Genève autorisent la France à maintenir une présence militaire significative au Laos (5 000 soldats), dès le début des années 1960 celle-ci ne compte plus que quelques centaines de soldats. La dernière base militaire française en Asie, située à Seno, au Sud-Ouest du Laos, est fermée en 1963. Au Cambodge, la France maintient une mission de coopération militaire imposante, fournit de nombreux équipements à l’armée cambodgienne à partir de 1964, mais le coup d’État du général Lon Nol en 1970 met un terme à cette coopération.
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