Le Moyen-Orient est en mutation permanente où la complexité des relations ne facilite aucune évolution. Les crises y sont durables avec de nombreux acteurs aux rivalités exacerbées par des ambitions antagonistes. Les sphères d’influence – sunnites, chiites – soutenues par les États-Unis et la Russie s’y affrontent.
Bilan et perspectives au Moyen-Orient
The Middle East—a Report and a Look to the Future
The Middle East is in permanent state of change in which the complexity of relationships does nothing to favour development. Crises there are long lasting, and involve numerous players whose rivalry is exacerbated by antagonistic ambition. The spheres of influence supported by the United States and Russia—Sunni and Shiite—continue to confront each other.
Réfléchir sur le Moyen-Orient relève du défi. D’abord parce qu’il faut définir cette région qui ne recouvre pas la même acception à Paris, Londres, Washington ou Moscou ; ensuite, parce qu’une telle réflexion implique de prendre le recul nécessaire pour ne pas tomber dans le triple piège de l’instantané, de l’émotion et de l’idéologie bien-pensante qui occultent des faits souvent têtus. C’est un honneur de tenter l’exercice pour ce 800e numéro de la RDN qui consacra plusieurs dossiers à cette région envoûtante et dangereuse à la fois (généralement deux à trois par décennie, à l’occasion de conflits majeurs).
Le Moyen-Orient est une vaste zone aride qui englobe le Levant, la péninsule Arabique et le Golfe, à la fois réserve mondiale d’hydrocarbure (50 %), mosaïque ethnique et religieuse (foyer du monothéisme), mais aussi corridor stratégique reliant un océan (Indien), deux mers (Rouge et Méditerranée) et trois golfes (Arabo-Persique, d’Oman et d’Aden) par trois verrous maritimes (canal de Suez, détroits de Bab el-Mandeb et d’Ormuz). Le Moyen-Orient, c’est ensuite un peu comme la Samaritaine : il s’y passe toujours quelque chose de spectaculaire qui éclipse les événements précédents. Derniers avatars en date : la frappe américaine en Syrie en riposte à l’attaque chimique de Khan Cheikhoun, qui succède aux attentats multiples revendiqués par Daech un peu partout dans la région, aux batailles de Mossoul et Raqqa, aux raids israéliens en Syrie, aux frappes de la coalition anti-Daech en Irak et au chaos persistant au Yémen… Bienvenue dans le berceau des civilisations !
Dans un article précédent (1), j’avais identifié cinq facteurs expliquant la multiplicité des guerres au Moyen-Orient : la question identitaire, la quête du pouvoir, les idéologies, les religions et le jeu des puissances (en quête d’influence et de sécurité énergétique). Je vais m’efforcer de structurer aujourd’hui mon analyse de manière chronologique autour du jeu des puissances pour tenter de dégager quelques perspectives d’avenir.
Il reste 88 % de l'article à lire
Plan de l'article